Dans cet article, tous les revenus sont pris en compte, à l’exception des revenus autres que ceux du travail. Pour cet aperçu, nous avons volontairement choisi de ne pas faire figurer la CSG/RDS qui est un impôt direct caché, et non pas une cotisation.
Nous parlons des salaires, des revenus de dirigeant majoritaire, des revenus de travailleurs indépendants (dentiste, avocat, plombier à son compte….). Sont donc exclus les revenus du capital : revenus d’action, de titres, loyers et autre plus-value sur les droits au bail.
En supposant que vous ne faites pas partie de l’infime proportion de profiteurs économiques, ce revenu est une partie émergée d’un iceberg essentiel.
Votre salaire est composé de deux parties principales :
Votre salaire DIRECT, le net à payer en bas de page. C’est la seule partie qui vous intéresse.
Votre salaire INDIRECT : la somme des COTISATIONS que le patron paye à des organismes pour assumer des dépenses POUR VOUS. C’est la partie qui devrait le plus vous intéresser.
Les COTISATIONS sociales sont appelées CHARGES par les capitalistes. Ils n’y voient là-dedans qu’une manifestation bolchéviques pour emmerder le créateur de richesse. La seule façon d’emmerder un créateur de richesse, c’est de le gêner dans sa récolte financière. Dès qu’il sort un fifrelin de sa poche, c’est une charge.
Reprenons dans le bon sens :
Votre salaire est composé du salaire direct, le montant viré à votre compte, auquel il faut ajouter des cotisations. Oubliez la distinction cotisations salariales et patronales.
C’est du bidon total, de l’enfumage. Vos cotisations ont chacune leur mode de calcul, mais visent à vous ouvrir des droits. Une cotisation = Un droit.
C’est pour cela que j’ai mis la CSG à part : celle-ci ne vous ouvre aucun droit. On vous fait rembourser une dette imaginaire, en vous faisant en même temps renoncer à un ou des droits.
Une cotisation retraite : un droit à la retraite.
Une cotisation maladie : le droit de compter sur un SAMU, un hôpital… Tous les salaires des docteurs, infirmières, hôpitaux, fac de médecine sont dans cette ligne. Quand on vous la réduit, par des remises de charges patronale, c’est votre hosto qu’on rabote, votre mutuelle qui augmente. Joie !
Une cotisation chômage : vous ouvre des droits, et vous êtes bien gentil d’accepter qu’on vous les assortisse d’obligations : j’affirme haut et fort, que si on a écrit dans la constitution que le travail est un droit, alors la cotise chômage ne peut donner lieu à aucun marchandage : J’ai droit à 18 mois, je les prends, je ne cherche pas de travail, je vais travailler… mon jardin, c’est légal, c’est prévu dans le système, je vais juste faire comme c’est prévu. Je respecte la loi, moi !
C’est un droit qui n’est règlementairement assorti d’aucune obligation.
Et ainsi de suite…
L’astuce, c’est déjà de vous enfoncer dans le crâne le glissement de : « 1 cotise = 1 droit » à « 1 cotise = 1 charge ».
Je vais donc résumer :
Salaire = salaire direct + cotisation salariale + cotisation patronale.
Si vous touchez 1000€, alors votre travail vaux 2000 € : 1000 direct, 400 cotise salariale, 600 cotise patronale.
Votre salaire = salaire direct + salaire indirect par la cotisation.
Votre travail vaut 2000. Pas 1000 € plus 1000 de charges !
Imaginons une autre organisation :
Votre salaire : 2000 €. Cash. C’est votre salaire, le patron vous fait une feuille de paye d’une ligne.
Mais vous devez cotiser à hauteur de 50% pour avoir de la santé, de la vieillesse etc… Au départ, c’est ça le principe. A la rigueur, l’employeur les paye à votre place, ça arrange tout le monde. Découper les cotises en maladie, viellesse, prévoyance est un artifice de patrons pour pouvoir rogner plus façilement.
Le fait que l’employeur soit chargé de collecter les 50% ne change rien à l’affaire. C’est juste un détail technique.
En revanche, c’est une authentique saloperie que de se lancer dans le partage salarial/patronal des cotisations. Pourquoi l’emploi d’un mot aussi violent ?
Mentalement, ces considérations sont de pure forme. A l’origine, en 1945, il y a une caisse : la sécu. Et une ligne de cotisation : La sécu X%. Cette valeur ne concerne pas l’état ni les employeurs. C’est un arrangement de travailleurs entre eux, qui dans une structure à but non lucratif, à l’extrême de type association loi 1901 comme votre club de boules ou de plongée, se cotisent pour se payer une super assurance sur les aléas de la vie. Ce sont donc eux qui financent le système de santé, les hôpitaux, les docteurs, les plumards, les ambulances, les hélicos, les hospices, les allocs. L’argent ne passe pas par l’état, et comme le pourcentage est froidement calculé sur les recettes réelles et les dépenses réelles toute deux connues à très court terme, le système est indestructible.
Un truc qui ne concerne pas les députés ni les sénateurs. Exactement comme une super mutuelle qui n’a pas le droit de faire des bénéfices. Et qui fera autant de pertes qu’il le faudra, parce que l’on n’est pas dans une banque, les investissements sont permis par la création monétaire par l’état. Point. C’est juste une question démocratique que de décider entre nous quel niveau on veut s’offrir. Tout ça passe par votre argent. Vos cotises.
Soit bientôt vous filerez votre blé à AXA, ou au GAN ou autre Swiss Life, qui ne promettent en aucun cas de vous le rendre. Qui savent même que ça va être chaud-bouillant. Soit vous vous débrouillez gratuitement et sûrement entre vous. Suffit de le dire !
C’est d’ailleurs une composante de la saloperie que de faire disparaitre de la feuille de paye le montant réel de votre salaire qui n’apparait nulle part. La somme totale, la « valeur » de votre travail.
Les histoires de salaire brut sont une diversion. Juste un moyen de présenter le calcul pour faire disparaitre la moitié de votre salaire.
Bon. Vous venez de prendre connaissance du montant de votre salaire. Une fois que vous avez compris cela, reprenons les choses :
Quand nos gouvernements décident avec un ou deux syndicats félons, de discuter dans le secret, puis de valider une baisse de cotisation (en général patronale), c’est votre salaire que l’on baisse. Comme cela ne baisse pas votre net, vous n’y voyez que du feu, et c’est fait exprès. Je prends un pari. Si ce n’est déjà fait, je parie qu’on verra les cotisations salariales changer de colonne progressivement. On enchaîne avec quelques exonérations de charges patronale et zou ! Plus de cotisations. Les pégreleux n’y voient que du feu : leur montant net n’a pas bougé. Alors que baisser des charges salariales fait augmenter le net, mais pas la note finale du patron. Et c’est bien là l’essentiel pour des politiques financées et coachées par les grands patrons.
Lorsqu’une cotisation disparait, en partie ou en totalité pour être affectée à la CSG, on vous baisse votre salaire par un nouvel impôt.
Et le pire, c’est que cette baisse d’une cotisation est aussi une baisse de l’exercice pratique de vos droits : une remise de cotisation vous retire les moyens du droit associé : moins de lits en hôpitaux, moins de soutien aux personnes âgées… M’en fout, chuis pas malade.
Mais le jour où vous souhaiterez faire valoir vos droits, comme trouver une place en maternité quand le petit veut sortir, vous découvrez que telle remise de cotise, ayant diminué les ressources du système de santé, celui-ci n’a plus les moyens de vous accueillir.
Moins d’infirmières, ce sont plus d’infirmières au chômage, et une tension sur ce « marché » du travail, qui va permettre de serrer le kiki de celles qui restent : horaires de merde, sous-effectif etc…
Si vous avez compris que votre salaire est en réalité la somme de toutes les valeurs qui figurent sur votre fiche de paye, alors vous êtes politiquement prêts à juger des manipulations qui touchent celle-ci.
La remise de 39 € par SMIC : un cadeau aux employeurs sur le dos du salarié. Les 39€ vont manquer à la sécu, aux caisses de retraites. Autant de moins pour vous, quand vous irez vous faire soigner.
D’où l’ovni « compétitivité » qu’on vous ressort à chaque fois qu’on baisse votre salaire par une mesure qui n’est que cash dans la poche de l’employeur, pour une baisse de vos DROITS.
Il y a un type (et sa bande), Frank Lepage, qui a mis en scène le travail, l’argent du travail et les syndicats dans une de ses conférences gesticulées.
C’est plutôt drôle, toujours très formateur. Et si je vous ai juste bousculés, lui au moins va vous faire marrer.
Si vous vous demandez ce qu’est l’ « éducation populaire », voilà un très bon exemple :
Frank Lepage Conférence sur le travail et le salaire.