Après six mois de recul, en gros commencé avec la campagne présidentielle, je reprend le clavier.
Comme prévu, les échéances ont été organisées par les médias sous le signe de l’affect. En l’occurrence les affects choisis par le MEDEF et le CAC40.
Cela dit, eûssions nous vécu cette campagne sans ces influences, n’eûssions nous pas pour autant échappé aux affects. Vous vous fûtes alors affecté entre vous, mais cela change tout.
Je m’explique. Je pars du postulat, clairement démontré depuis la deuxième moitié du 17ieme (« siècle », pas « arrondissement »), que le moindre « acte » que nous commettons est déclenché par un affect. Quand bien même invoquons nous la raison, que nous tentons pitoyablement d’opposer aux affects – ou parfois je dis le pathos– que nous ne voulons pas voir, cette raison n’est qu’un supplément, un ingrédient, de cet affect. Un affect raisonnable nous mènera plus sûrement à un acte « adéquat ». Pas d’affect, pas d’action, donc uniquement en état de coma ou de sommeil profond.
Je vais prendre un exemple qui me concerne, pour ne froisser personne : quand Finkielkraut s’est fait jeter de Nuit Debout au cris de « Facho Enculé ! », cela m’a affecté : d’abord parce que le gang Antifa à l’œuvre représente pour moi le niveau zéro de la politique, version bas de plafond violent, ensuite parce que la mise hors micro du philosophe de mes deux eût été suffisante. C’est physique, je prend automatiquement et donc sans discernement, le parti du lynché. Affect-crétin:1 – Moi:0.
J’ai donc pondu un article pour m’insurger contre la méthode. J’eûsse pu n’en rien faire. D’autant plus que chez les bas du fa, une telle réaction s’apparente à un soutient, donc de là à confirmer ma classification de « fachiste » chez ces primates…
Bref, mon propre pathos m’a trahi. J’ai piteusement justifié mon erreur en en écrivant une vaine suite.
J’ai observé illico un discours très vif de Frédéric Lordon justifiant ces évictions, au nom d’un nécessaire cordon sanitaire autour de la (bonne) cause. Affecté, lui aussi, mais dans l’autre sens.
Voila. Résumons. Je peux pas sacquer ce philosophe de mes trois qu’est Finkie, tout comme ces autres néo-philosophes, porte paroles du néo-libéralisme conquérant, maîtres à penser de droite, de droite et de droite.
Mais j’ai été affecté, à mon grand dam, par une vidéo minuscule qui m’aura bouffé du temps pour rien de rien, et une fois de plus fait dire des bêtises.
Revenons à cette élection.
La présidentielle, c’est la quinquennale de l’affect : que je te promet, que je te vaseline, et à la fin, c’est le proctologue qui se frotte les gants.
J’y ai cru, pauvre âne, à la lutte contre l’ennemi sans visage de l’autre gros !
Alors, je me suis abstenu, ce coup-ci. Mélenchon sans illusion au premier tour, et dodo au deuxième. Sinon j’aurai voté Marine juste par esprit de contradiction, j’aime pas me faire manipuler (dit-il après sa brillante anecdote !).
Et vous ?
P.S. On gagne des points supplémentaires avec l’imparfait du subjonctif. Encore eû-t-il fallu que vous le sachiasse.