A ma gauche l’épargne, c’est à dire de l’argent en rab mis à gauche. D’où le « à ma gauche ».
A ma droite, de l’argent, non pas mis à gauche, mais qui travaille pour cracher de la plus-value. Placement immobilier, matières premières, devises à terme, produits dérivés, assurances vie.
Epargne, c’est du pépère, du livret A, du 1-2%. C’est en fait l’inflation plus un pain au chocolat. Cet argent peut servir à des prêts d’équipement aux ménages (autre que consommation) ou aux entreprises. Vous ne devenez pas actionnaire avec ça. Ni directement, ni indirectement.
Placement, je place mes pions sur le damier de la roulette, je parie sur un machin dont on me dit qu’il va faire du 15%. Il fera plus ou moins. Ça peut être 30 % mais je peux tout perdre.
Les banques « commerciales » gèrent le compte chèque obligatoire pour toucher un salaire, et l’épargne non financiarisée dont le livret A, plus des machins logement encadrés par l’état, plus le bidule solidaire, développement durable et anti calcaire.
Les autres établissements financiers fricotent en bourse, servent à des industries à adosser leurs financements ou le financement de leurs clients : DIAC pour Renault et PSABanque pour Peugeot par exemple. Plus une tripotée qui vend des arnaques de révolving, crédits conso, différés de mes deux pour financer des déficits personnels aussi irrésorbables que la dette de l’état. Du chamboule-tout pour désespérés. Nous tolérons cela. Nous tous. C’est normal, c’est légal. On a voté.
Jouer en bourse, c’est pour 99% des français qui s’y égarent, l’illusion de rentrer dans un club. Un ascenseur social. Chacun va jouer au petit malin. Même plumé dix fois, le petit actionnaire se satisfait de pomper 15% net à l’entreprise, comme une vache à lait, une laverie automatique ou un distributeur de vidéos. Faudra qu’on lui dise un jour, à papy (les vieux détiennent le plus de rente), que son fils, sa fille et peut-être sa femme, sont obligés de se cravacher pour rendre, dans l’entreprise dont papy est indirectement l’actionnaire, les quinze pour cent net annuel indispensables à sa cotisation au club de golf.
Le placement cache sous ce mot qui pue la vertu, le mécanisme central de l’exploitation de l’homme par le financier. Les entreprises sont maintenant possédées par des calculatrices de luxe qui pompent, qui prélèvent du travail sous la forme de dividende. En langage clair, c’est du racket de la part de ceux qui ont de la monnaie. Ne vous laissez pas blouser par les discours de ces économistes qui glorifient l’investissement par l’emprunt privé : ils sont de mèche. Demandez-leur pourquoi le monsieur il prête son fric en trop, et pourquoi mon papa n’en a pas.
L épargne en revanche, est une solution socialement compatible. La différence ? Le prêteur demande un taux égal à l’inflation plus un pain aux raisins. D’abord parce qu’il n’y a pas de raison que quelqu’un qui mobilise son argent pour vous, contrairement aux banques qui ne laissent que moins de 10% de caution, ne reçoive pas à minima ses propres coût réels.
Dans ces simples conditions, rien ne s’oppose au projet, sinon des considérations sociales : discussion sur le lieu d’implantation, proximité des travailleurs, utilité …
Si le projet de tartes aux clous peut dégager, en marge nette après réinvestissements, l’inflation plus le pain aux raisins, foncez !
Si le taux est révisable, s’il est très éloigné du taux de rémunération du livret A, si le crédit prend la forme d’un leasing, ou autre location longue durée, vous venez de tomber entre les pattes des Dutroux de la finance. Par exemple, le Crédit Mutuel, Banque mutuelle qui appartient à ses actionnaires, propose des crédits immobiliers à taux révisable de vieux crevards de la bourse. Votre conseiller vous raconte n’importe quoi sur l’origine des fonds qu’il vous prête. Comme quoi il doit emprunter sur les marchés internationaux, tout ça… Il ne vous explique pas que c’est juste pour « leviériser » vos encaissement, et virtuellement les multiplier par 8 à 10. Ce qui tripote le volume de la masse M1, l’argent qui tourne.
Au moment de la création monétaire par le crédit, la masse M1 augmente puis décroit au fur et à mesure des remboursements.
Chaque crédit est une bulle financière, soldée par une inévitable perte nette, les intérêts. Les établissements rivalisent de démagogie pour vous persuader qu’ils sont « mutuel », « proche de vous », « y a pas que le taux ».Si le changement de sexe était vendeur de crédit, nous n’aurions que des travelos dans les conseils d’administration des banques. Alors s’attifer en « mutuel » ou autre piège à gogos, c’est bien la moindre des choses. J’attends la récupération du mouvement Femen par les banques. Depuis le temps que je voulais voir les nichons de mon chargé de compte…
Si c’est de l’épargne, cela signifie grosso modo qu’il vous prête les livrets A de ses autres clients. Dans ce cas, votre banquier est une agence matrimoniale qui fait l’intermédiaire entre ses propres clients. On peut se demander pourquoi ce n’est pas une assemblée collective qui décide. Quitte à ce que cette assemblée collective prenne des conseils. Bref.
En l’absence de levier, quand on vous prête 100 € pris temporairement sur le livret A de votre voisin, il n’y a pas de création monétaire. D’un point de vue national, l’opération est neutre. Mais elle a la vertu de faire tourner cet argent, ce pourquoi il est fait, en permettant de payer les salaires de votre maçon. L’épargne est du vrai argent, gagné par le travail, qui peut créer du salaire productif s’il est mis à la disposition de gens qui en ont besoin pour « produire », et non pas pour « prélever ».
Le système a deux limites : la quantité d’épargne disponible, et la capacité du corps social à « consommer » cette épargne.
Pour la première condition, l’état démocratique peut parfaitement ordonner une création monétaire afin de permettre une réalisation pour le pays comme pour un particulier. Un état démocratique peut parfaitement orienter les activités en influant sur les taux qui peuvent s’alléger, voir devenir négatifs, pour inciter une activité démocratiquement choisie. Et ne pas se faire tout rembourser, par exemple pour compenser une hausse de productivité générale, ou l’arrivé d’un supplément de citoyens pour qui il faut bien à un moment créer la monnaie du salaire. On n’est pas au Monopoly !
Imaginez que vous avez 10 Md€ sur votre Livret A. Si, ils ont relevé le plafond.
Votre voisin veut lancer une usine de tarte aux clous. Il lui manque du fric pour construire l’usine, et lancer la production ainsi qu’un fond de roulement. La base. Quel est le problème d’utiliser votre argent qui dort. D’ailleurs si cet argent dort trop longtemps cela va se ressentir comme une destruction monétaire !
Les seules précautions à prendre avant de taper dans l’épargne est la suivante : avoir la « matière » et la main-d’œuvre localement. Intégrer les coûts sociaux et écologiques. Ne pas tolérer de « fuites » financières : intermédiaires, intérêts payés sans contrepartie.
Et soigneusement compter les importations non compensées qui sont une perte sèche de monnaie pour le pays.
Si l’argent dépensé tourne entièrement en salaires locaux emboités, alors le crédit par l’épargne ne peut pas échouer financièrement, autant individuellement que collectivement. C’est un jeu à somme nulle. Aux dégâts écologiques près.
En revanche, dans le cadre du placement lucratif, c’est le prêteur, ou bien pire, l’organisme qui gère le produit financier qui sont aux commandes (Banque, fond de pension, club d’investissement…). Ce qui n’est pas sans dangers : alors, seul le chiffre des dividendes a de l’importance. La santé de l’entreprise à long terme, l’humeur des gens qui y travaillent, leur santé physique et psychique, la « santé » de la région dans laquelle l’entreprise est implantée, toutes ces données essentielles n’apportent aucun dividende. Elles auraient même plutôt tendance à les réduire. Fermer une usine pour valoriser une autre usine, et augmenter les dividendes est une opération légitime et légale pour une pompe à finance.
C’est une chose que le prêt direct de personne à personne (morale ou physique), en payant « les frais » tels que l’inflation, quelques frais administratifs, et un pain au chocolat pour dire merci.
C’en est une autre que de vouloir obtenir un revenu de la propriété lucrative. S’arroger le droit par la simple possession initiale de monnaie, de prélever le maximum de travail sans limite ni morale et surtout sans contrepartie. En ayant, comme c’est astucieux, fait mettre en place un « ordre » politique propre à garder chacun à sa place.
Ceci n’étant possible que parce que les travailleurs sont soigneusement maintenus dans la situation de producteurs passifs et salariés pas cher, maintenu par une constitution habile en état de « minorité » politique, des moins de 18 ans en somme.
La gestion de l’épargne n’est pas aujourd’hui considérée comme une gestion de bien commun.
Un bien commun est une ressource issue de la terre ou de la multitude réunie par la société, essentielle à la survie de la multitude ou de son organisation. Il en découle forcément que son « exploitation » mais aussi sa « préservation » ne sauraient appartenir à un intérêt privé. Il est également exclu de l’affecter aux uns plus qu’aux autres. Il faut même s’en réserver pour la descendance à naître et prendre en compte des intérêts vitaux non encore éclos.
Il en découle donc également que le simple classement en « bien commun » exclut par essence la possibilité de connecter par la suite ce bien à des intérêts privés. Relisez votre constitution : elle vous y oblige !
L’eau, l’assainissement, la santé, les transports en commun, l’information, l’éducation, l’usage des intrants en agriculture, les semences… ce ne sont que quelques exemples. Pour savoir si un bien est « commun », posez-vous la question suivante : Si un groupe financier chinois achetait ce bien, pour l’exporter en totalité vers la Chine, le sortir de France, est-ce que la vie des gens et des structures sociale serait gravement atteinte ? C’est ce que fait la Chine en Afrique quand elle soudoie des potentats locaux pour acheter une misère les plus vastes et les plus fertiles des terres, récupérant en prime un prolétariat exsangue qui sera forcé par la police locale à se soumettre à l’esclavage des nouveaux propriétaires. La production est exportée vers la Chine. Vendre 200 hectares de vins de Bordeaux, ça peut passer, mais pas la Beauce.
Vous me direz qu’un grand nombre de biens communs ne sont pas exportables : les autoroutes par exemple. D’accord. Donc si un bien commun non exportable tombe entre les mains d’intérêts privés, alors ceux-ci détiennent de fait un levier pour obtenir encore plus de dividendes. Cela coûtera d’autant plus cher à un électeur « de base » pour obtenir son morceau de bien commun qu’il ne peut pas s’en passer. Et c’est donc là que l’on trouve les plus fortes capitalisations : Eau et assainissement, BTP, Santé en cours de privatisation, éducation en cours de privatisation, transport ferré, médias, télécoms…
C’est ça l’investissement : repérer un secteur essentiel, sinon reprogrammer les cerveaux avec les médias pour rendre essentiel ce qui ne l’est fondamentalement pas comme les Smartphones, la vidéo à la demande. Une fois le repérage fait, téléphoner à Baroso à la commission européenne pour exiger la « libéralisation » du secteur. Ce qui est fait fissa par les fondés de pouvoir de la finance européenne qui émettent des directives qui ont force de loi en France. Non, là, sur ce coup là, vous ne votez pas. C’est écrit dans notre constitution.
Investir dans le secteur, puis organiser le pressurage. Faire gicler du bénef. Quand le domaine est détruit, désindustrialisé, que le citron est pressé, larguer les ruines au contribuable, comme Florange, et passer à autre chose.
Avec votre assurance vie (la niche fiscale du siècle, que dis-je, du millénaire !) et autre fonds de placement, vous placez vos noisettes dans la plus gigantesque machine à tuer. Pol Pot à coté, c’est Cendrillon.
Car finalement la différence entre épargne et placement tient seulement au mode d’utilisation de l’argent.
Dans le premier cas on prête directement et le coût est minime. L’argent va du livret A du préteur aux fournisseurs et aux salariés de la nouvelle entreprise qui emprunte pour exister ou à votre maçon suite à votre emprunt immobilier pour votre logement principal. Vous rendrez l’argent avec l’inflation (sur laquelle votre salaire est indexé, je prends un peu d’avance sur l’histoire) et un petit cadeau pour remercier. Une entreprise fait ça avec ses bénéfices bruts. Le cadeau ne pouvant excéder X% de la valeur du prêt. X est déterminé par la nation, pas par une commission ou un organisme non gouvernemental non contrôlé démocratiquement.
Dans ce mécanisme, l’emprunteur est tempéré dans sa soif de grandeur par un petit taux, lequel est presque totalement vidé par l’inflation, et un petit supplément qui se partage entre la collectivité et le prêteur.
Dans le cas du placement, vous contribuez à un « fond », comme prendre des actions d’une entreprise financière. Ce fond va présenter votre pognon en garantie d’un prêt qu’il va contracter dans une banque de très gros riches. Votre fric vient d’octupler de volume. Avec cet argent, le fond se rue au casino du second marché, le marché des actions ou obligations d’occasion.
Il n’y a donc aucune création d’entreprise, aucune nouvelle production. Ca s’appellerait investissement dans ce cas, et non pas placement.
Une fois aux commandes de toutes ces entreprises rachetées, le fond n’a de cesse que de faire cracher du dividende, du fric, de la monnaie. Afin de payer les intérêts de la grosse banque de riches, votre petite commission, et les grosses commissions diverses piquées au passage par votre banque et le fond de placement qui ont des dirigeants fort chers. C’est pour cela qu’ils ont monté le bousin d’ailleurs.
Un jour je vous expliquerai ce qui se passe quand l’échéance de ces fonds de pension vient à échéance. Non, allez, je vous le dis : pour payer votre pension, ou votre capital d’assurance vie, l’organisme a besoin de convertir ses actions en vrai argent pour vous le verser. Comme ce sont des évènements statistiques synchrones (quand vous allez chercher votre pension, vous êtes quelques millions à le faire en même temps), cela donne de grosses bouffées d’actions à vendre, ce qu’on a déjà vu en Angleterre, mais pas encore en France. Donc le prix baisse, donc votre pension qui est indexée dessus baisse. Notez que les prélèvements des intermédiaires ne sont pas révisables. La baisse de la valeur provoquée par l’afflux excessif d’actifs sur le marché sera entièrement imputée au pigeon final. En clair, un fond de pension, par nature, ne tient pas ses promesses.
Sans compter que le capitalisme financier contient dans son essence une volatilité de la valeur. Imaginez que Linux devienne obligatoire dans toutes les administrations européennes et nationales parce qu’un projet Open Source massivement soutenu permet de faire l’économie de * !crosoft. L’action Crosoft dévisse. Pas de bol, votre fond de pension en était gavé. En plus celui-ci en met une grosse quantité sur le marché, donc les échanges étant favorables aux acheteurs, ceux-ci en proposent une misère. Vous venez de perdre votre retraite complémentaire. A moins de militer pour le maintien de Crosoft sur son trône.
Le placement est une formule d’épargne perdant-perdant : vous allez rendre malheureux ceux sur lesquels votre fond va se jeter, et le jour où vous voudrez toucher les « dividendes » de votre placement, vous serez le plus mal placé pour en fixer la valeur. Vous êtes donc des esclaves drôlement sophistiqués ! Vous assurez, par la masse de vos minuscules contributions, la pérennité des vrais riches, qui eux, pas cons, se sont placés un peu plus haut dans la hiérarchie : pendant que vous rêvez à votre retraite, des gestionnaires qui n’en ont strictement rien à foutre (ils seront morts de vieillesse avant que vous ne soyez à la retraite) touchent aujourd’hui des salaires, des dividendes et des traitements en nature faramineux. La belle vie, aujourd’hui, en échange de la sueur des travailleurs et de vos économies.