Cet article est un petit résumé qui vous donne les grandes lignes, et vous ouvre l’accès à des informations plus complètes et plus précises. Allons-y !
On va commencer au moyen âge, où l’argent devient un levier à partir de la découverte de l’Amérique, et qu’un bizness à dimension industrielle organise le pillage des nouvelles colonies. Ajoutez à ça la traite des hommes, et vous avez le commerce triangulaire.
Je charge à Bordeaux (ou Nantes, ou La Rochelle) des merdouilles, direction l’Afrique de l’Ouest. Là-bas, j’ai des comptoirs qui ont négocié avec les dominants locaux un très bon deal. Je te file mes colifichets tous pourris que tu confonds avec l’Iphone 5, tu me files des esclaves que tu vas aller chercher dans tes tribus concurrentes. Comme ça je chope pas de maladie dans la forêt. Je bulle au port en attendant le chargement.
Ensuite direction les Antilles : je décharge mes esclaves sur mes propriétés confisquées aux locaux qui n’ont visiblement rien compris à la civilisation.
Ensuite on ramasse tout ce qu’on peut : or en priorité (on y reviendra), mais aussi bois, épices, produits miniers (Hé chef, venez voir ! c’est super cool : du cuivre !!). L’entreprise s’autofinance : on pique sur place soit des marchandises pour ramasser au retour la monnaie des pays européens pour lesquels on est un bon fournisseur, soit directement de l’or ou de l’argent quand on en trouve.
Le blé, la fraîche, le flouze, c’est d’abord un poids de métal précieux. Or ou argent. A part qu’on y a collé la tronche du Roi, la pièce vaut par son poids de métal précieux. Par exemple, pourquoi croyez-vous que la monnaie anglaise s’appelle la livre ? Et que ce fut longtemps le nom d’une unité de valeur à peu près partout dans le monde « civilisé » ? Ben juste parce que c’est une livre d’argent (en gros 450 grammes).
D’ailleurs, comme la livre peut également désigner de l’or, on précise Livre-Or. Quand on ne dit rien, c’est de l’argent. Vous noterez donc que le seul moyen de créer du pognon, c’est de trouver de l’or ou de l’argent métal.
Après avoir épongé les pays méditerranéens et l’Europe continentale, les mines sont presque vides. En tout cas pour les espagnols ou les portugais c’est une nécessité que d’aller gratter en Amérique : De ce fait, ils s’emparent d’une puissance impossible à acquérir autrement, sinon en pillant les voisins. Mais cette solution locale est en soit très onéreuse, elle hypothèque la jeunesse, et en plus rien ne garantit que le perdant d’hier te collera pas une peignée demain.
Aller ramasser de la monnaie en Amérique est le meilleur plan, il semble que les tableaux Excel de l’époque ont tranché : Ça te coûte des ronds à mettre en route, mais il suffit que tu ramènes plus de poids d’or que tu n’en as lâché pour lancer le bateau.
Notez donc que l’argent, le pognon, le flouze, la galette au sens général est un morceau de métal. Et que la valeur est entièrement contenue dans le métal : il n’y a pas de problème de change. Un roi qui se fait payer en monnaie du voisin peut, si son égo le démange, fondre le métal pour refaire des pièces à SON effigie. Il suffit d’avoir une balance un peu précise.
Viens ensuite une période où les « gens » vont stocker leur ferraille encombrante chez le joailler du coin (son métier l’oblige à avoir un coffre). Le joailler remet un reçu. Et ensuite, plutôt que d’aller chez le joailler chercher du cash, chaque fois avant d’aller faire des courses, on pratique spontanément un transfert de valeur : le reçu, qui n’est au départ qu’un document administratif, devient en fait la valeur elle-même.
Les commerçants les acceptent plutôt que de la ferraille. Ça les arrange aussi. On a donc une monnaie dite « scripturale », écrite, qui représente la valeur. Ce reçu a de la valeur si je peux être certain de le changer en grammes d’or ou d’argent. C’est une écriture comptable. Scripturale : de scribe, écriture…
On vient d’inventer ce que nous appelons aujourd’hui le billet de banque. En fait, c’est le billet d’orfèvre, si on veut être rigoureux. Il signifie que l’orfèvre en question détient la contrepartie métallique. Il peut arriver qu’un créancier dise : « Tu veux me filer ton reçu de 20 livres pour me payer mon cheval, mais moi, je vois qu’il est signé par le joailler Bernard T. et je doute que celui-ci me donnerait bien les 20 livres si j’allais lui rendre son reçu ».
Je vous mets là en exergue le fait que si un billet ne contient aucune valeur intrinsèquement (2ct de papier, 1ct d’encre, en plus ce n’est même pas beau, je ne peux pas le coller au mur pour faire joli), il possède une valeur convenue, parce que celui qui le donne et celui qui le reçoit pensent raisonnablement que quelque part, on pourrait en obtenir contrepartie un kek chose qui les vaut TOUJOURS.
Jusque dans les années 1970, à la suite des USA (71), la France (73) déclare que sa monnaie ne sera plus référencée sur du métal. La Banque de France possède maintenant un stock d’or qui ne vaut plus que ce que la bijouterie peut en donner. Idem les USA. Une façon de se créer du cash : J’avais 1000 milliards de francs avec contrepartie OR. Maintenant j’ai toujours 1000 milliards de Francs, et cette valeur est indexée de fait sur le dollar, mais j’ai aussi, et c’est l’astuce, la contrepartie de mon stock d’or. C’est un super coup, mais on ne peut le jouer qu’une fois. Et pas trop vite pour ne pas faire chuter les cours.
Parenthèse sur la parité monnaie-dollar : c’est une rupture fondamentale du lien entre un bout de papier et une valeur sûre : car parité ne signifie pas réserve, le fait que ma monnaie soit évaluable en dollars (la parité) ne signifie nullement que je vais trouver quelqu’un pour garantir ma monnaie avec ses dollars (la réserve) ! D’une certaine manière les monnaies ont perdu totalement leur valeur réelle, pour passer complètement du côté de la confiance, de l’espoir, de la peur envers un système diffus, autorégulé, un état monétaire virtuel fédérateur de tous les autres états monétaires et contre leur gré.
Il y eu une période pendant la guerre froide, où la Russie a fait flipper en commençant à larguer des bouts de son stock d’or : ce qui menaçait tout le monde. Plutôt que d’envoyer un missile pour emmerder le monde, il était beaucoup plus efficace de mettre 50 tonnes d’or en promo sur le marché, les russes amassent de la fraîche, mais obligent en même temps tous les pays utilisant ce métal à recalculer la valeur de leur stock. Et les russes jouent à la baisse, évidement.
C’en est trop, les financiers américains le disent : les tableaux Excel sont formels, on y perd, et ça pourrait être pire. Le gouvernement américain, représentant les riches comme toutes les démocraties représentatives, fait ce qu’il faut : on va couper l’herbe sous le pied des russes. On va garder la valeur de l’or, mais on va lui retirer son pouvoir de manipulation de la richesse. Ce qui crée un nouveau problème qui remplace le précédent : le précédent, c’est qu’un pays ne pouvait augmenter sa masse monétaire qu’en trouvant de l’or, d’une manière ou d’une autre. Vous pensez bien que tant que les équations financières des gros joueurs « tenaient » dans le stock d’or, ce n’était pas un problème.
Le nouveau problème c’est qu’avec l’inflation d’industries et d’échanges, la monnaie qui, elle, ne peut augmenter en volume autrement que par une extraction minière, devient un handicap pour les gagnants de la finance. Pour émettre un billet de 100 $, il faut acheter et stocker l’or qu’il représente. Ce qui rendait service en fournissant un étalon de valeur devient un boulet.
A partir du moment où vous déconnectez l’argent d’une référence matérielle, c’est super pratique : on va dire que la valeur d’une monnaie s’appuie sur la richesse intrinsèque de la nation qui l’émet. C’est bien joli, mais une tonne d’or fera toujours un million de grammes. Alors que la richesse d’un pays ? Combien pour Manhattan, combien vaut Chicago, combien vaut le chemin de fer Français ? Combien vaut le système social français ?
Il va falloir se faire confiance. Notez bien que l’usage de métal comme référence dispensait de la confiance. Mais les financiers adorent la confiance. C’est comme une croyance religieuse. Il suffit d’avoir un bon réseau de curés. Les médias font parfaitement l’affaire, car ils sont contrôlés (et pas par hasard !) par les même Financiers-Industriels.
La confiance devient une arme autrement obéissante et flexible que le cours de l’or.
Autres soucis avec l’or en garantie : c’est quand on veut faire jouer la garantie !
Dans ce cas, imagines qu’une entité quelconque qui fait ses affaires en dollars renvoie son tas de billets verts à la Federal Reserve qui stockait l’or américain (qui est un mélange public-privé -donc privé !-) en demandant sa contrepartie en or ! Comme c’est le principe, il devient théoriquement possible à tout possesseur d’un billet américain de recevoir son morceau d’once d’or par dollar. Et quand la Federal Chose a expédié les palettes de lingot, elle DOIT cramer les vieux billets, qui n’étaient que la contrepartie d’un or qui n’est plus en sa possession.
Si on ne crame pas les billets qui sont revenus et qu’on les réinjecte dans l’économie, on dévalue un nombre fixe de dollars qui s’appuie maintenant sur une quantité d’or moins importante. Vous suivez ?
Un repère : en 1934, le dollar vaut 40% d’une once d’or de 29gr, donc 12 gr d’or mais le nombre de dollars a bien trop augmenté pendant la crise de 29 et surtout à cause de la distribution de bouées aux millions de gens qui ont pris un vrai bouillon, le dollar est donc dévalué à 1/35ieme d’once, soit environ 828 milligrammes. Le pays prend acte de la dévaluation de sa monnaie. Celle-ci est nécessaire, techniquement, pour prendre en compte tout l’argent qui est parti dans la poche des profiteurs de la crise. Si on veut jouer à l’économètre (beurk), cette dévaluation reconnait que les petits malins ont raflé la différence entre 0,828 grammes et douze grammes.
Bon soyons sérieux : J’exagère !
Cela faisait un moment que le dollar était surévalué, ce qui ne gênait pas dans une société sous le blindage du protectionnisme le plus hermétique. Ferme comme un blindage dont la surévaluation est une des structures.
Mais après le krach de 29, cette évaporation de richesses (pas pour tout le monde, c’est bien le problème que d’avoir un jeu à somme toujours nulle) rend l’écart inacceptable, même pour un banquier. La valeur de la monnaie se dégonfle aussi de toutes les spéculations de second marché qui ont artificiellement augmenté la valeur des plus grosses entreprises, et se sont dégonflées en 1929.
Je me mets à la place des Maitres de l’Amérique : La population des travailleurs est aux abois, donc pas chère. L’argent est rare, barré aux iles caïman, et l’état est condamné à payer des intérêts (enfin, le populo) pour en re-louer. C’est le pied pour les patrons. Et la dévaluation, c’est la cerise sur la dinde de noël.
Quoi que l’état fasse, orteil gauche ou orteil droit, c’est la machine à cash. Donc, pour les capitalistes industriels, cette dévaluation dont ils n’auraient osé rêver, va leur ouvrir tous les marchés extérieurs. Enfin quand même, si on se met à la place d’un gros possédant, cette référence à l’or, c’est que des contraintes. Un frein à la compétitivité. Une complication inutile. Les états ont besoin de l’or pour certifier leur monnaie, surtout pas les possédants qui créent de la valeur en faisant courir un bruit d’OPA.
Ou bien on peut dire qu’en dévaluant le dollar, les états unis peuvent acheter aux banques des dollars moins chers pour les distribuer au bon peuple pour soutenir l’emploi (depuis 1913 les banquiers ont le monopole du crédit et de la création monétaire voir Création monétaire par le crédit).
Au plan international, la dévaluation baisse le coût des exportations. Vous devenez plus compétitifs quand vous dévaluez. Ce que fait la Chine à l’heure actuelle en sous-évaluant sa monnaie pour doper, puis maintenir ses exportations. Et pourquoi pas nous ? Parce que les financiers ne tolèrent l’Euro que doté d’un fonctionnement similaire au dollar. On ne voulait pas du dollar en Europe ? Pas de problème si ce sont les mêmes intérêts qui gardent solidement arrimés Euro et Dollar, selon les conditions fixées par les financiers de Francfort ou de la City.
Vous vous doutez bien qu’un pays étranger qui renvoie trois palettes de dollars contre 5 d’or matérialiserait un appauvrissement de l’Amérique, puisque si l’or est l’étalon du dollar, alors quand tu changes un dollar en or, et que tu sors cet or du pays, il y a moins d’or dans la réserve, et les américains sont moins riches. Mais ces gens ne sont pas idiots : dès août 1971, la convertibilité du dollar en or est interdite. Si tu as des dollars, tu te les gardes ou tu les dépenses comme tu veux, l’article n’est ni repris ni échangé. Donc si tu cartonnes de la planche à billet pour noyer le monde avec ton fric, ET, que ce fric n’est plus convertible, tu ne prends aucun risque. Pas besoin d’acheter de l’or, l’argent est gratuit pour l’imprimeur.
1944, Conférence de Bretton Woods : dollars obligatoires pour tout le monde, les états unis imposent le dollar comme monnaie de réserve, donc d’échange international. En gage de bonne foi pourrait-on dire, le dollar reste ancré à une référence internationale, l’or.
Entre 71 et 76, le dollar s’évaluait en or, mais il n’est plus possible d’obtenir le métal en échange des biftons. Jusqu’en 76, les monnaies autre que dollar flottent par rapport au dollar, qui lui est ancré au sol, si je puis dire, par un taux sur l’or.
En 76, l’Amérique décrète que l’or n’a plus rien à faire dans la monnaie. Le dollar s’évalue désormais en dollar. Le pied ! La valeur de l’Amérique est imposée par le Diktat du « ni repris, ni échangé ». Il n’existe plus aucune possibilité d’éprouver la valeur du dollar avec quoi que ce soit. T’as plus qu’à croire ! Résumons : en 1944, le phare de la démocratie a créé une nouvelle religion obligatoire. Le dollar, mais un dieu supérieur le contrôle, c’est l’or. En 76, exit l’or. Les monnaies-montgolfière tentent de se placer le mieux possible, mais la référence flotte désormais elle-même comme une montgolfière. Le pilotage se complique.
J’avais une autre image. Au port, il n’y a qu’un seul quai. Le Dollar s’amarre au quai. Le quai, c’est l’or. Du fixe, du solide, de l’ancré.
En 1944 on décide que les monnaies viendront s’amarrer au dollar. Comme des bateaux s’arriment entre eux, flanc contre flanc.
En 76, les états unis larguent les amarres qui liaient le dollar au quai. Toute la grappe de bateaux se met à dériver dans le port, voire sort dans l’océan. Dérive contrôlée par le robinet à dollars qui envoie dans une direction ou une autre des « jets » de dollars. Ces « jets » poussent la coque des autres bateaux, et le bateau dollar contrôle ainsi la disposition, les distances des bateaux entre eux. Tous les autres bateaux ont accepté le scénario Wall-Street et City. Les capitaines de tous les autres bateaux, qui ne sont capitaines que par la grâce d’un ou de plusieurs capitalistes friqués, ont fait jeter à la mer les propulseurs d’étraves, les hélices, les gouvernails et autre mécanisme de « jet ». Ils n’ont plus aucun moyen de contrôler leur navire. La France a fait ça en 73.
Maintenant seul le directeur du trésor américain détermine la valeur, en émettant ou pas des devises. Mais la Federal Reserve qui a charge de gérer les volumes de monnaie est constituée de 7 commis de l’état, et douze banquiers dont 5 avec un droit de vote. Comme les commis de l’état dépendent du directeur du trésor, qui dépend du président, qui lui-même est de fait choisi par les Banquiers qui payent sa campagne électorale… je vous laisse finir la phrase.
N’essayez pas de m’embrouiller en ajoutant les assemblées, ça ne change rien : les représentants ou les sénateurs sont élus par les riches qui payent leur campagne électorale.
Les banquiers américains tiennent indirectement le manche pour TOUTES les monnaies du monde. Nos banquiers sont leurs partenaires : la finance a décollé dès lors que les obstacles aux mouvements des capitaux ont été dénoncés comme maladie honteuse. Donc c’est très injuste de ma part de toujours désigner les banquiers américains.
Ils ne se distinguent que par leur taille, leurs pouvoirs. Ils ne sont fondamentalement pas américains. Ça change à chaque fraction de seconde, selon que des ordinateurs désignent Singapour, Paris, Francfort, Shang Hai ou Londres, ou New-york ou autre comme aéroport avec la pompe à carburant la moins chère. Sitôt le plein fait, la banque redécolle. Avec de petits arrêts-détente dans un paradis fiscal, pour y laisser l’excédent de cash.
Revenons en France. Nous sommes donc verrouillés à une valeur non nationale. Un truc aussi important que la monnaie des français est indirectement géré par un autre pays, au gré de ses intérêts, par définition libérale, antagonistes aux nôtres. Alors que maintenant la référence est le dollar, et que les américains ne se gênent pas pour en imprimer à qui en demande, comment être sûr de la « valeur » ?
Ben y’a pas moyen. Tu dois faire confiance. En ayant imposé le dollar comme étalon, les américains contrôlaient déjà pas mal de choses. Mais pas les économies solides qui avaient gardé l’or pour leur propre « étalonnage », et qui pouvaient donc résister (Je ne suis pas sûr que la Suisse ai beaucoup flippé). Mais alors, à partir de 1973 en France, rien ne va plus. Il n’y a objectivement aucun moyen de déterminer la valeur d’une monnaie. En fait, la valeur de la monnaie est en même temps privatisée. Coïncidence, c’est aussi en 73 qu’un directeur général de la Banque Rothschild (on préfère généralement dire que c’est un ancien agrégé de Lettres) donne, comme ça, une lubie, la possibilité aux Banques privées de financer les investissements du pays (certains investissements préciseront les érudits). Le mec, c’est Pompidou, placé là par les Banques pour surveiller De Gaulle qui a une dangereuse fibre sociale. Et quand on dit « financer », il faut comprendre obtenir le droit de capter des intérêts sur les activités de l’Etat.
La première année, c’est peu de choses. Mais la technique du pied dans la porte va rapidement changer cela : La Banque de France n’a plus le droit d’émettre de monnaie en 85. L’état ne peut plus se financer tout seul. Les capitalistes expliquent, et je vous le dis pour vos réunions de famille, que l’état a toujours tendance à abuser de la planche à billet pour financer ses caprices électoraux, ce qui crée de l’inflation.
Les intérêts privés sont beaucoup plus soigneux avec l’argent que des fonctionnaires (supposés gauchistes ?) Repérez le tonton qui sait tout : il est soit de mauvaise foi, et il faut le virer, ou alors au mieux il est très con et il ne faut plus le réinviter. Demandez-lui quelle est la part de la rente dans ses revenus, ça vous permettra de trancher.
La création (et occasionnellement la destruction) monétaire répond à un besoin simple. A un instant donné, il faut de l’argent pour payer les salaires pour les salariés et les revenus pour les indépendants. Et pas plus. Laissons de côté le matériel, on a vu que les échanges se passent le plus souvent de monnaie, de billets, de pièces. On raisonne en masse monétaires : l’argent des comptes courants, pour l’usage courant, les échanges du quotidien. Auquel il faut ajouter des masses monétaires qui sont qualifiées en fonction de leur capacité à devenir « liquide ». C’est à dire à disponible pour participer à un échange : votre livret A peut-être vidé à tout instant, mais pas des placements à terme. La masse M1 est disponible, la M2 à court terme, la M3 en quelques années (placement à moyen terme) et ainsi de suite.
C’est un peu technique, mais dans le cadre de cet article, on va simplifier : Si aujourd’hui j’ai 40 millions d’habitants qui travaillent, je dois mettre à la disposition du pays, une quantité d’argent qui permettent de payer les salaires. Si quelque part une entreprise se met à produire plus, il faut mécaniquement plus d’argent pour acheter la dite marchandise. Mais pour que cet argent existe, il faut, quelque part, qu’un ou des salariés soient augmentés pour gagner le supplément d’argent nécessaire aux achats de nouvelles marchandises.
Or les compagnies détiennent le pouvoir de baisser ou d’augmenter la quantité de marchandise offerte, mais pas d’augmenter la masse monétaire. Auparavant, l’Etat était censé gérer cela, ce qui oblige à des considérations morales. Pourquoi lui, et pas lui…Le fait qu’une société augmente sa production, sans augmenter les revenus de ses employés, ne crée pas pour autant l’obligation à l’Etat de créer la monnaie correspondante Ce que les capitalistes n’aiment pas. On pousse donc les petits clients à emprunter. Grosse arnaque de banquier.
10 ans plus tard, mettons que nous avons 3 millions de Français en plus. Si on ne crée pas d’argent, ça veut bien dire qu’il va falloir se partager le stock. Donc que chacun en aura moins. Gardez en tête le jeu du Monopoly.
Mais si on commence la partie de Monopoly avec deux billets de 10, la partie va être glauque. Eh bien, comme les concepteurs du jeu de Monopoly l’on fait, il faut réfléchir à la quantité d’argent qui va tourner. Et si de 3 on passe à 8 joueurs, vous voyez bien qu’une quantité de billets immuable va coincer. C’est d’ailleurs pour cela que le Monopoly impose une quantité fixe par joueur, qu’il a prévu 8 joueurs, et le marchand de jouet vend 8 fois cette somme dans chaque boite de jeux, plus un peu de banque. Ce qui veut dire aussi que si 8 deviennent 12, on ne peut plus jouer. Sauf à imprimer des billets supplémentaires. Si vous avez du mal à capter, prenez des grands chiffres : et si on est 7000 de plus ?
Il faut donc veiller à la stricte correspondance entre la masse des salaires et rétributions diverses et la masse monétaire disponible liquide. On met de côté l’épargne pour l’instant. On va artificiellement la classer dans les masses monétaires plus immobiles.
Un excédent va mécaniquement provoquer une inflation, car les comportements humains sont tels que si de l’argent est disponible, un vendeur n’aura qu’à profiter de l’aubaine pour augmenter ses prix. Et comme sur ce plan, il y a une propagation instantanée du concept, tous les prix augmentent. La somme des rétributions est équivalente à la masse monétaire de base, mais on a également : si la masse monétaire augmente, les salaires aussi. Globalement s’entend, certains étant plus fort que les autres pour attraper le nouvel excédent.
Vous ne pourrez pas avoir une augmentation générale des salaires si la masse monétaire diminue. Cet aspect va nous revenir dans la tronche un peu plus tard.
Dans un monde parfait, comment fait l’état pour réguler la masse monétaire ?
Rappelons que l’état, qui est lui-même un employeur et un entrepreneur, se finance en prélevant impôts et taxes, des masses d’argent qu’il détourne des envies égoïstes de chacun, afin de les dépenser dans l’intérêt du groupe. Si Impôts et taxes était des cotisations basées sur le volontariat, nous retournerions instantanément à l’âge de pierre. Comme l’état est à but non lucratif (l’état n’a pas d’actionnaires), il re-dépense aussitôt ce fric en services publics, allocations, subventions et autres interventions financières pour pallier aux égoïstes qui jamais ne lâcheraient un zloty à un chômeur, à un handicapé, et qui ne verraient pas l’intérêt de faire des voies de chemins de fer, j’ai déjà une grosse BM, merci.
Je livre à votre réflexion les deux paramètres :
- Plus l’état prend en main les échanges, plus la société est égalitaire et vice-versa
- Plus l’état tolère des « fuites » dans le circuit, moins il reste d’argent pour le groupe après le passage des voleurs, donc moins l’état est égalitaire: trucage de marchés public, prévarication où un fonctionnaire utilise un bien de l’état pour son plaisir personnel, détournement d’argent ou de moyens, paiement d’intérêts d’emprunts (plus de 50 000 000 000 d’€ par an,), vente de privilèges (Un expert de l’agence publique de mise sur le marché des médicaments, payé par le labo pour faire agréer un poison).
Donc le fric est redistribué dans le pays, celui-là sans soucis de rentabilité, on est entre citoyens. Pardon, je voulais dire ‘électeurs’. Pas pareil.
A l’occasion de cette redistribution, il suffit d’en relâcher un peu moins : vous venez de réduire la masse monétaire. Ou alors vous en créez un petit supplément : vous venez de créer de la monnaie. C’est beau ! Les libéraux appellent ça le « déficit », ça fait plus « maladie honteuse », une fois que le déficit devient une maladie honteuse, les électeurs sont d’accord pour l’éradiquer. Ils sont d’accord pour baisser les salaires. Ils sont d’accord avec le chômage.
Sauf que si vous n’avez plus le droit de créer de la monnaie, ben vous êtes mal. Et hormis une grosse baisse de population (ce qui n’est pas la tendance), vous avez de plus en plus de joueurs qui s’écharpent pour des billets de Monopoly en quantité fixe, voir réduite par les intérêts d’emprunts contractés pour louer, temporairement, les dits billets. Je vous rappelle qu’un crédit doit être remboursé.
Mais il n’y a pas que la démographie. Imaginez que « les gens » produisent plus dans les temps impartis. Amélioration des machines, des niveaux de formation. A population identique en nombre, mais plus productive, vous devez avoir logiquement un revenu global qui augmente. Donc la masse des salaires et rémunérations augmente. Donc il faut augmenter la masse monétaire.
Si vous ne le faites pas, soit chacun s’appauvrit (comme des joueurs de Monopoly qui se « cotisent » pour doter les nouveaux joueurs), soit certains tombent dans le chômage et meurent (socialement parlant, en attendant pire). Vérifiez bien : ce que vous croyez être « vos » lois sont en fait l’organisation appliquée de la pénurie d’argent et de ses conséquences bénéfiques au patrimoine. De l’Argent que vous devez louer au prix fort (la dette, les intérêts, tout ça).
Et comme les salaires sont un coût pour les dominants économiques, il est logique qu’ils cherchent à les contenir. Entre autre technique, la rareté organisée de l’argent détermine le volume des salaires. Ce n’est pas un hasard si la dérive va dans le sens de la rareté de l’argent. Et ce n’est pas un hasard si les dominants chassent le déficit. C’est de la création monétaire qui ne leur rapporte rien. Eux aussi ont de la gestion de père de famille à faire : placer trois ronds pour un revenu mirifique, faut charger la bête au maximum, mais surtout, surtout : qu’elle ne crève pas.
Et pour recouper, c’est ici que l’image du largage des amarres entre la monnaie de référence et l’or prend son sens. Les financiers, qui décident tout sur cette terre libérale, ont bien compris que tant qu’une monnaie s’appuie sur un stock de métal, il n’est même plus nécessaire de lui faire « confiance », et que sa quantité, donc sa valeur est relativement fixe et indiscutable. Mais si au lieu d’or, vous avez fait admettre une, puis deux monnaies de référence ET que vous en détenez l’imprimerie, vous avez donc le suprême pouvoir de garder l’argent rare. La somme des monnaies étant, en valeur, constamment égale à la somme des salaires, vous comprimez les salaires en séquestrant de l’argent, pour organiser sa rareté. Et les salaires sont des coûts, du bénef en moins. Alors, vous vous attendiez à quoi ?
Étonnez-vous du chômage : Vous avez donné la gestion de l’argent aux possédants et employeurs (c’est les mêmes !).
Allez donc voir l’article « Création monétaire par le crédit »
Et allez donc voir :
Ettienne Chouard : Les enjeux de la création monétaire