Cette petite série va nous permettre d’ouvrir un nouvel angle sur notre société.
Le célèbre jeu du Monopoly va nous servir. Au départ destiné à montrer en 1904 la nocivité du capitalisme, cet aspect n’entre plus en ligne de compte. Sauf dans cette série d’articles. Une fois pour toute, quand plus loin dans ces articles nous agiterons des indignations, elles seront teintées de second degré, et la madame qui a inventé la base de ce jeu a tout notre respect. Le Monopoly est comme la marionnette Vaudou que l’on transperce : il n’est qu’un jeu qui figure le capitalisme, il n’est pas le capitalisme.
Ce jeu fonctionne bien à partir de trois, jusqu’à 8 joueurs. Le jeux comporte un paquet de billets de banques factices. La règle indique que tous les joueurs commenceront avec la même somme, qui varie selon que l’on joue à 3 ou à 8.
Avec des dés, on se déplace dans une boucle, où une case est un cadeau, une punition ou un bien immobilier. Si le bien est à vendre et qu’on a encore assez de galette, on peut l’acheter. Si on tombe sur une case qui désigne le bien d’un autre joueur, on lui doit une somme (un loyer).
Certains aspects méritent un article entier, à suivre, et nous n’allons ici que relever certaines particularités mentales/sociales induites.
Première constatation : le jeu se termine, quand le joueur chanceux et/ou astucieux à ratissé les autres joueurs. Un super-riche et tous les autre clochards. Quand 6 joueurs commencent une partie, ils sont chacun d’entre eux attiré par la perspective de sortir de la partie riche et à l’abri du besoin. La certitude avérée que 5 d’entre eux repartirons en slip ne préoccupe personne. Elle est pourtant l’évènement le plus probable.
On sait qu’on va morfler, on y va quand même en s’en remettant au hasard. Mais les jeux de hasard sont nés en même temps que le langage, et des millions de joueurs de loto-gratouille tentent régulièrement ….. de gagner le gros lot ou bien de ne pas encore se faire chourer 5 balles ? Quand vous descendez acheter un loto, vous vous dites « Tiens, je vais aller statistiquement me faire piquer ma thune » ou bien ? Mais les échecs aussi, c’est un jeu de psychopathes sadiques pervers polymorphes, mais là, c’est 50/50.
Le jeu stipule une quantité fixe de monnaie selon qu’on est 2 ou 8. Les parts sont plus grosses à trois qu’à 8. Le jeu s’en trouve modifié, puisque la boucle et les tarifs ne changent pas sur le plateau de jeu.
Une quantité ajustable de billets de banques permettraient : la même somme pour chacun en début de jeu, quel que soit le nombre de joueurs et un nombre de joueurs illimité. Dans un article, nous développeront un aspect très obscur quand on parle de monnaie, et surtout des questions posées par la gestion de son volume : quand et comment déterminer combien de monnaie il faut créer, et quand en détruire.
Un autre aspect à développer, c’est celui de la distribution initiale. Un parallèle avec la vraie vie devient passionnant. Héritage, salariat, épargne, nous verrons que notre société organise cela avec des règles comme au Monopoly.
Encore un autre est le postulat qu’il est possible de posséder un bien pour en retirer un revenu sans travailler, et même une quantité illimitée de biens, aux point d’envoyer tous les copains hors de la ville, à cheval sur un rail, couvert de goudron et de plumes.
Et enfin, nous irons nous vautrer dans deux moteurs avérés, les « conatus », cet ensemble de motivations imbriquées qui lance joyeusement une pelleté de gosses tenter parfois de devenir Bill Gates, quand les autres feront le 115 pour trouver où dormir. Qu’un d’entre nous cultive une mentalité de prédateur gargantuesque, on le comprend sans peine. Qu’il trouve facilement des pigeons pour l’engraisser pose plus de questions. Ces deux moteurs, qui, en relief et en creux, construisent les tragédies et les romans, datent de notre cerveau reptilien : « j’veux pas mourir », et « j’veux m’la faire ».
L’instinct de survie individuel (ne pas se faire manger) et l’instinct de survie collectif (se reproduire) sont toujours présents comme il y a des dizaines de milliers d’années. Leur mise en œuvre change : aujourd’hui, nous n’avons plus peur de nous faire manger, mais de perdre un boulot, ou de perdre sur un investissement. Quand à la reproduction, elle ne se traduit plus par un comportement de bonobo (singe gros niqueur d’amérique du sud), mais par la recherche de richesse ou de pouvoir. Qui permet de niquer des gonzesses, donc finalement, on est bien toujours des bonobos. Pour les plus civilisés, la recherche de plaisir, l’hédonisme, sera agréablement pratiqué avec plein de pognon.
Un dernier article remettra en cause les règles de ce jeux, et à l’inverse tentera de faire ressortir notre capacité à accepter sans broncher de jouer toujours au même jeu, ou autrement dit d’accepter un système économique, sans regarder s’il n’y en a pas d’autre.
Vous imaginez un gosse de 10 ans vous dire : « Père, votre intention de me distraire est louable, et je vois bien que vous tentez de contribuer à mon élévation intellectuelle, et de me donner du plaisir. Toutefois, j’ai peine à trouver de l’excitation à l’idée de ruiner mes petits camarades de façon aussi prévisible et cruelle. Il ne m’a pas échappé qu’il fait un temps de merde, et que nous ne pourrons aller compléter notre herbier dans les environs de notre domaine. Nous avons donc choisi pour notre éducation et notre plaisir, d’aller, Marie-Chantale et moi-même, jouer au docteur dans ma chambre. Vous voudrez bien, père, laisser à deux bambins que vous ne manquez pas de qualifier « d’adorables » en public, l’intimité de bon aloi. »
Chez les riches, le père n’est pas présent, chez les pauvres il suit à la télé au troquet les zaventures du futur ex entraineur de l’équipe de France (ou du psg ou de l’OM), donc des postulants au poste, ainsi que leurs mérites comparés. Charles-Henri et Marie-Chantale (ou Brandon et Cindy, selon) sont peinards pour un moment.
P’tit con !