Ah, la belle fête ! Ca n’est pas souvent qu’on peut se prendre pour un journaliste. A Alès hier soir, Méluche est venu galvaniser les troupes. Salle comble débordant dehors, pour une bien belle homélie.
Alès est ruinée, comme le nord du Gard en général, d’une région vidée de ses ressources minières, puis de son industrie, car le pue-la-sueur est meilleur marché à l’est.
Malgré le poids du chômage, notre reporter perdu à plusieurs reprises, a bénéficié d’une aide immédiate et souriante de tous les autochtones croisés. Pourtant bien pauvres et entrants, en apparence, dans les clichés les plus pourris sur les jeunes de cités, éventuellement barbus, ces gens m’ont aiguillé dans Alès, et donc votre serviteur n’a mis que 12 litres de gasoil pour accomplir les 800 derniers mètres à vol d’oiseau. J’avais qu’à y aller en oiseau.
Après le discours du candidat local, gai comme un comité central, puis le témoignage convenu de l’infirmière hurleuse, Méluche entre en scène. Mes tympans sont déjà fissurés.
Ça a dénoncé dur ! Avec humour et une connivence palpable : je n’arrive pas à ne pas le trouver sympathique et intelligent.
On survole une Europe scandaleuse, on prend peur avec le Traité Transatlantique, on en apprend de belle sur Alcatel, Alsthom et toute ces sortes de choses. Les méchants sont méchants.
Impossible d’en placer une, ce n’est pas un débat. Le Front de Gauche est une structure à l’ancienne, avec une hiérarchie. Le gouvernement représentatif n’y est pas vraiment remis en cause. On reste dans le cadre. Pour les changements, on y fait certes allusion à une 6ieme république, et on devine que quelques molécules de Frank Lepage ont diffusé. Et si certaine molécules de Chouard également, on raconte en off comment des militants qui seraient tentés de fricoter avec Etienne sont brutalement rappelés à l’ordre par la direction du parti.
En examinant les propositions du Front De Gauche, on y trouve effectivement une constituante. Celle-ci serait élue, et on précise comme si c’était nécessaire qu’elle serait donc disjointe des assemblées du congrès, et que les membres de ses assemblées seraient exclus de l’élection pour la dite constituante. Merci, mon prince !
C’est ce triple assemblage qui hélas nous fait repartir bredouille de démocratie. Inventaire :
Ce meeting, concentré de promesses vaines, masque la réalité de l’inutilité du parlement Européen. On insiste sur le fait qu’une loi peut être amendée ou refusée, et on évite de s’étendre sur le caractère de « chambre d’enregistrement » des décisions des riches. On fait croire qu’on pourra s’opposer au Traité Transatlantique. Tout l’art consiste à transformer une attente légitime, en espoir, puis en vote. J’irai pas ! ‘t’chulé !
L’affaire Chouard rappelle douloureusement que même là, le chien qui a la gueule dans la gamelle peut mordre si on tente de la lui retirer.
Le fait par ailleurs de convoquer une assemblée constituante élue, qui choisira donc dans le vivier des députés/sénateurs en réserve dans les partis, est carrément une imposture : préciser que les députés en exercice sont exclus du scrutin, quand on est sûr que leurs alter-égos seront choisis, c’est malhonnête. La nouvelle constitution sera donc un clone de la précédente. On s’égare.
Méluche, enfoiré ! Dommage, on t’aimait bien. A l’occasion, on t’apprendra la différence entre ‘diffusion de ligne de parti’ et ‘éducation populaire’. Et a ne pas nous prendre pour des truffes.