Si on vous dit que si vous êtes pour la sortie de l’Euro, pour la sortie de l’UE, le retour aux barrières douanières, DONC que vous êtes FN, que répondez vous si vous n’êtes pas FN ?
Aidé des réflexions de F. Ruffin, ou E. Todd, vous pouvez vous en sortir. D’abord, vous pouvez lire le livre de F. Ruffin, « Pauvres actionnaires » ou « Quarante ans de discours économique du FN passé au crible ».
En attendant, voici la synthèse de Vuncf, qui n’engage que l’auteur :
Le FN prend ses raçines dans le poujadisme, la défense du petit patron contre l’état qui lui mange son bénéfice avec ses impôts et taxes. Défense donc de la propriété lucrative, sois dit en passant.
Jusqu’à la chute du mur de Berlin et la liquéfaction de la menace communiste, le FN est pour l’Europe, en tant que barrière contre les cocos. Lesdits cocos qui sont haïs, parce qu’il remettent en cause la toute puissance du patron et de sa propriété lucrative.
Pendant les années 80, avec l’élan libéral Reagannien et Tatchérien, le FN est carrément libertarien : il demande la suppression de l’état. Carrément.
A partir de 2003, le vent tourne : pas brutalement, mais le FN prend en compte des changements de stratégie du PS, et donc des conséquences politiques de celle-là.
Dès 83, le PS se rallie au libéralisme, réhabilite l’entreprise, les patrons l’argent. C’est Bérégovoy qui supprime le contrôle des changes, Mitterrand nous vend l’UE : le FN est d’accord, à l’époque.
En 2003, le constat, si on est un ouvrier ou artisan modeste, c’est que le changement de regard du PS sur les classes ouvrières est bel et bien méprisant : ouvert avec le slogan « génération mitterrand », très con en soi, mais qui met l’accent sur une nouvelle génération « branchée », à rebours de l’ouvrier qui ne s’ésbaudit pas des exploits de Jack Lang et qui sent bien qu’on est en train de la lui faire à l’envers.
Notons qu’à l’époque, le PC est ringardisé en prévoyant les dégâts a venir d’une Europe exclusivement taillée pour et par la finance et les multi-nationales.
Au final, les ouvriers (au sens large du terme, les smicards, les prolos si vous préférez : vous fâchez pas, un prolo, c’est quelqu’un qui n’a a vendre QUE sa force de travail) voient leurs revenus compressés, leur disparition totale de l’actualité, et leur mise progressive au rencard. Tous cela pendant que des bobos PS se la pètent avec les droits de l’homme-à-plus-de-2000 km, et d’autre distractions intellectuelles. Touche pas à mon pote, mais sodomise mes ouvriers, je t’en prie..un peu de vaseline ?
Par réaction, et en passant par le thème de l’immigré-qui-pique-les-emplois quand des usines sont délocalisées, le FN ramasse à bon compte.
Puis, le FN constate que son noyau dur de clientèle, petit propriétaire lucratif de province, commence lui aussi à morfler. Virement de bord, moussaillon !
L’Europe, qui n’a plus de raison d’être un rempart contre les rouges, devient subitement une menace. Crack, le FN est protectionniste ! C’est une pure coïncidence que ce revirement soit, au même moment une aubaine pour les ouvriers poubellisés avec mépris par le PS.
Donc on pourrait dire déjà que l’afflux de voix au FN n’est pas causé par le FN, mais par l’inexistence à gauche d’un support concret.
Deuxièmement, le FN n’a jamais parlé de démocratie ! Et n’a jamais remis en cause les fondamentaux des rapports sociaux : les possédants possèdent et gouvernent, avec ma main dans ta face, si nécessaire, et peuvent bien continuer de se gaver avec de la propriété lucrative, amplifiée par l’héritage.
Oubliez un instant le fait que le mot socialiste est rapté par des réacs de droite complexée. Oubliez un instant le « PS ». Appelez le « Parti gruyère râpé » jusqu’à la fin de ce billet.
La différence entre le FN et Chouard, Lordon, Sapir, Friot, Ruffin, Todd et les pleins d’autres dont je prétend faire partie, c’est que ces derniers réclament aussi la sortie de l’Euro et de l’UE, demande en même temps démocratie, la vraie, et un sérieux coup sur la tête à la propriété lucrative.
Le FN veut juste restreindre le capitalisme à l’intérieur de nos frontières, afin que les petits patrons, petits bourgeois, qui constituent sa clientèle des premiers jours poujadistes cessent de subir la mondialisation, et puissent exploiter tranquillement…qui ? mais vous, les ouvriers déçus du PS !
« La différence entre CHOUARD, LORDON (…) et les pleins d’autre dont je prétends faire partie (…) » ?
Ou : « »La différence entre CHOUARD, LORDON (…), les pleins d’autre dont je prétends faire partie (…) ET LE FN »?
Absolument exact, j’ai corrigé ma formulation ambigüe. Merci.