Où la grossièreté et la trivialité sont de retour, parce qu’on ne se refait pas.
Dans un article précédent et sur Radio Ici & Maintenant, j’avais simplifié Lordon dans son article du monde diplo « Les entreprises ne créent pas l’emploi ».
Je vous la refais en court : Si on vous demande « Pensez vous que les entreprises créent l’emploi ? », et que vous n’avez pas encore eu l’explication, vous dites « Oui ». Pujadas, Coppé, le Medef et Hollande sont unanimes ! Donc vous l’êtes. Ne niez pas, c’est laid. Tout ça pour baisser les « charges » des entreprises, faire des économies, 50 Md€ on vous dit !
Erreur ! L’entreprise crée la fiche de paye, c’est tout. Dans sa nature d’entreprise, donc capitaliste, elle doit faire un max de dividendes, ou de revenus pour son patron unique actionnaire si c’est le cas. C’est comme ça ! Donc on ne va pas embaucher pour le plaisir. Si un robot le permet, on vire, dehors le pue-la-sueur ! On aime, on aime pas, c’est comme ça. Vous n’êtes pas contre le progrès, dites moi ?
L’entreprise n’embauche que contrainte et forcée par son carnet de commande. Vous pouvez supprimer TOUTES les taxes, TOUS les impôts, TOUS les prélèvements, les entreprises n’embaucheront pas. Et franchement, dans le système économique actuel, elles seraient bien connes de le faire.
Bon. Ça, c’est fait.
Ce qui fait qu’une entreprise embauche, c’est son carnet de commande. OK, on l’a déjà dit. Mais c’est quoi son carnet de commande ? Soit des commandes de l’étranger, qui va donc transférer un peu de sa richesse chez nous pour qu’on lui fabrique nos célèbres râpes à claouis¹ (MAM en vendait à BenAli), dans le meilleur des cas, des Airbus. Ces cas présentent deux tares : c’est temporaire, à moins de programmer l’obsolescence des râpes susdites. C’est mal vu. Deuxième tare, la kompétitititivité oblige à serrer les prix, donc les salaires, et dans notre monde marché-d’offre, si vous remportez un marché, c’est forcément que vous avez buté quelqu’un. On fera un Dans Ta Face là dessus.
Pour les Airbus, un contrat bien négocié permet aux chinois et aux actionnaires d’Airbus de se gaver sur le dos des (sus-nommés) pue-la-sueur français : on va fabriquer les Airbus en Chine, et actionnaires d’Airbus et officiels chinois vont se partager la différence sur les salaires. Pas terrible pour l’emploi en France.
Deuxième moyen de créer du carnet de commande, donc de l’emploi : avoir plein de gros gras salaires français, qui vont se transformer en gros gras carnets de commande….donc en emploi, en gros gras salaires, ça y est, on tient le bon bout, les mecs ! Mouai : pourquoi voudriez vous qu’il y ait ce gros gras salaire, quand vous avez des pays qui vous proposent la même prestation pour cinq fois moins cher, plus une pipe gratos. Des pays européens !
Et sauf que si un gros gras salaire passait par là, il achèterait un iphone fabriqué par des esclaves sous-payés en Asie. Le seul à se gaver un peu, c’est l’importateur. Sans compter que du fric se barre à l’étranger. Du fric liquide qui disparaît.
J’ai expliqué il y a peu que l’argent des salaires, c’est l’argent qui tourne, ce que les économistes appellent la masse monétaire M1. M2, M3 etc, ce sont les épargnes, donc indisponibles pour du salaire. Les vrais investissements productifs ne sont que quelques misérables pour-cents, le reste part en spéculations, en achat d’actions déjà existantes. Suivez un peu, bordel !
Nous avons donc la recette de l’échec forcé : L’état réduit ses dépenses, qui se transformaient en salaires, donc restait un peu plus longtemps en M1. Ces réductions partent direct en intérêts de dettes, donc sortent de M1. La technologie et les fusions de sociétés permettent d’augmenter les rendements donc on vire du salaire. Nos salaires trop élevés (d’après un copain polonais), plus la libre circulation des marchandises et des capitaux, tout tend à sortir de la monnaie M1, donc du salaire.
Diminuer les prélèvements obligatoires, qui avaient le mérite de forcer les actionnaires à nous laisser un peu plus de M1, donc de salaires, donc d’emploi, va mécaniquement fabriquer du chômage ! Le tout au nom de l’emploi ! Les points d’exclamations m’en tombent.
Donc on est morts.
A cause de Pujadas en plus ! Aucune relation avec votre crédulité de chaisière, votre paresse intellectuelle de téléspectateur assidu et votre totale confiance dans nos zinstitutions. Vraiment aucune.
(1) Burne bougne.