La notion de conspirationnisme, sous-entendu ‘tendance maladive à voir des conspirations partout’, permet d’assécher un débat gênant. Le conspirationniste est un malade, un maboul.
Bonjour le débat d’idées.
Rappelons la définition sereine : une conspiration est une action menée EN SECRET, par un petit groupe d’individus, afin de mener une entreprise contraire aux intérêts de la multitude. Détaillons : ‘petit’ groupe est absolument nécessaire, ne serait-ce que pour avoir une chance de garder le secret. Le secret est aussi une composante essentielle. Et surtout, contraire aux intérêts généraux : en effet, pourquoi se cacher pour faire le bien. Il s’agit donc implicitement d’une action politiquement ‘honteuse’.
Or, ceci est une situation extrêmement courante et facile à réaliser. Payer un expert en médicaments pour obtenir une mise sur le marché indue est un exemple simple. Inviter le maire au mariage de sa fille, puis négocier en fin de soirée, un verre à la main, le classement en zone constructible d’une parcelle qu’on va offrir aux jeunes mariés. C’est techniquement une conspiration.
Convaincre un homme de pouvoir, simple d’esprit mais puissant, de la nécessité d’avoir un alcootest dans chaque véhicule, sans aucune concertation technique ni démocratique et dans le seul but d’apporter par la force une énorme masse d’argent à quelques actionnaires est une conspiration. Ça commence à deux, avec éventuellement un des deux qui se fait manipuler par l’autre. Objectivement, concrètement, l’activité des lobbies à Bruxelles relève exactement de la même logique.
Rappelez-vous le secret : connaissez-vous les dessous de la pensée de ceux qui gouvernent la finance européenne et l’euro ? Non. Tout ça se discute dans des bureaux feutrés, puis la commission européenne fait tamponner le truc par un parlement QUI N’A PAS LE DROIT DE PROPOSER DES TEXTES.
A quel moment et surtout pourquoi et qui a décidé que l’Europe achèterait du crédit aux banques privées, abandonnant de fait la création monétaire ? Je vous le refais en français : pourquoi y a-t-il des dettes plutôt que rien ?
Parenthèse d’importance, l’Europe ne fait que reprendre dans une structure opaque des dispositions que les états membres avaient déjà validées. Enfin, que leurs représentants avaient concédées aux riches qui les ont fait élire.
A quel moment, sur quelle feuille de papier, qui a écrit « la BCE ne peux racheter de dettes comptables des pays membres » ?
Une dette, c’est une écriture comptable + des lois obligeant des juges à faire casquer les mauvais payeurs. Ce choix, opposé à celui de la souveraineté monétaire de l’état, est une pure convention, dont la validité est suspendue à l’exécution sans faille d’un contrat portant sur un échange équitable. Car l’état ne saurait signer un contrat inéquitable. Point. Je vous laisse méditer là-dessus.
Pourquoi donc les pays européens louent de l’argent au prix fort, quand il suffirait de faire des écritures où les banques n’auraient pas leur nez ni leur pelleteuses à bénéfice ?
Ce n’est pas une conspiration des actionnaires des banques ? Un petit groupe prend en secret des dispositions contraires à l’intérêt général, au seul profit de son intérêt particulier.
Placer un directeur de banque à la tête de l’état, en secret évidemment, on dira plutôt qu’il est agrégé de lettre, afin de lui faire décréter que l’état va louer de l’argent avec intérêt plutôt que de le fabriquer lui-même, est une conspiration vis à vis de 50 millions de péquins à qui on prendra soin de ne rien dire. Les péquins que nous sommes n’y auront que des inconvénients graves mais c’est bien une conspiration, au sens étymologique de l’accord secret contraire à l’intérêt général.
Par nature, une conspiration est douteuse, du fait du secret qui l’entoure. Sa révélation est rare (Nixon se faisant gauler avec ses enregistrements illégaux), et ce sont le plus souvent les historiens, avec un recul nécessaire à l’apparition de signes ou dans le meilleur des cas d’aveux authentifiables. Combien de temps à attendre, encore ?
D’un point de vue sémantique, l’emploi de ce mot « conspirationnisme » ou de ses dérivés, est systématiquement un mauvais signe pour celui qui l’emploie seul, comptant sur un caractère péjoratif fortement suggéré. Il permet finalement de clore un débat avant qu’il ne soit commencé. Notez comment le dénonciateur dit seulement « vous êtes un conspirationniste ». Point. Aucune démonstration. Tout est dit. Il suffit d’enchainer avec un verbiage quelconque, généralement hautement moral, expliquant que c’est une salutaire hygiène mentale que de passer à la question suivante. Et à ce moment-là, Pujadas engage la suite. Copé lui tend un sucre.
Les attentats du onze septembre, quand on examine avec attention le ‘film’ des premiers jours , comporte une grande quantité d’éléments surprenants ou contradictoires, tel la volatilisation au sens propre d’un avion de plus de cent tonnes de métal qui se serait obligeamment glissé dans l’ouverture d’un garage à fourgonnette, en ne laissant ni aile, ni moteur, ni empennage en dehors du garage.
En l’absence évidente d’une explication plausible, il ne reste que la voie des suppositions, forcément fragiles. Mais l’absence aussi évidente d’une administration à rendre honnêtement compte des faits avec des experts et des contre-experts impartiaux, procède d’un comportement susceptible de nourrir toutes sortes de mauvaises pensées.
C’est depuis ce jour que le mot conspirationniste permet de qualifier plus précisément toute personne mettant en doute une version officielle dénoncée non satisfaisante. Dans la phrase que vous venez de lire, le public ne retiendra que le mot conspirationniste qui claque comme une vilaine maladie.
Vous faire qualifier de conspirationniste ne vous donne pas raison, le a-contrario ne marche pas, mais il place l’invectiveur automatiquement dans le camp des orateurs douteux : un orateur de bonne foi reprendra en détail vos suppositions erronées en apportant des explications vérifiables et clarificatrices. L’orateur douteux est probablement un enfumeur : il participe alors de la conspiration, et si cet orateur n’y participe pas, c’est juste un con.
Et donc, si c’est un enfumeur, vous êtes mal barré. Arguez de l’inutilité de la conversation, et en plus mon docteur m’interdit de parler aux gens de mauvaise foi. Notez que dans ce cas, on pourrait être tenté de préférer tomber sur un con.