De quoi parle thon ?
Pour qu’une activité économique existe, y compris collective ou d’état, il faut qu’un investisseur :
- Dispose d’épargne,
- Pense pouvoir se sucrer « suffisamment » en la prêtant.
Les capitalistes (par définition, qui gagnent de l’argent par la propriété lucrative d’un capital) nous contraignent à passer par eux, même pour aller pisser depuis que l’eau et l’assainissement on été rendus privés.
Ils sont très organisés pour crier au loup dès qu’une alternative pointe le début du mouvement de l’air déplacé par l’arrivée de la pointe de son nez. Planche à billet ! inflation ! guerre ! communisme ! populisme ! herpès ! Chute des cheveux !
Le petit Pascal, de Paris, nous faisait judicieusement remarquer que le nombre de capitalistes réels était infime, ce que nous pensons également, et que le plus grand nombre de capitalistes est juste constitué de pauvres détenteurs de livret A ou d’une assurance vie ou autre ‘produit financier’. Cela dit, ces derniers exercent, à leur corps défendant peut être, une nuisance mortelle, via les dirigeants-décideurs de leur fonds de placement. Lesquels dirigeants sont les bénéficiaires réels, avec de gras émoluments, de la mise en coupe réglée de notre société. Révisez votre cours sur la transitivité.
Solutions alternatives
Il y en a plein. Personne ici n’a la science pour désigner une gagnante, en revanche, dans la ligne de ce site qui veut vous rendre tous capables de juger à défaut d’être architecte du monde meilleur, nous pouvons ébaucher un « cahier des charges ».
Les différentes théories pourraient être confrontées à ce cahier des charges, afin d’être rejetées, choisies, améliorées, plagiées. Et ça, nous pouvons le faire, même à Bac -3.
Le système actuel est entièrement dédié à l’optimisation de la rente, et rien que cela. Vous avez une idée qui permet plus de rente ? Banco ! Vous la limitez au prochain bilan ? Caca ! L’avantage tient dans la simplicité. Laissons nous aller à plus d’innovation:
La masse monétaire en circulation doit-être constamment exactement égale à la somme des salaires (ou revenus du travail non salarié).
Le reste n’est que détail et fanfreluche.
A partir de cet instant, il importe peu de jeter l’anathème sur le crédit, le 100% monnaie centrale, la monnaie fondante, un système à monnaies multiples, convertible ou pas convertible. La question est : le système retenu permettra-t-il de satisfaire à ce que l’on attend de lui.
Un sujet est curieusement absent de toutes les gesticulations alter-économiques : Le contrôle du volume de la masse monétaire. La solution actuelle, totalement dérégulée et privatisée ne peut perdurer : elle nous coûte la bagatelle de 700 milliards d’Euros TOUS les ans, et une grande partie ne revient pas en circulation. Ça s’appelle la hausse du chômage, et hausse de la dette, fin de l’investissement à moyen ou long terme.
Mais pour autant, aucune réflexion sur le futur de la régulation de la masse monétaire n’est entreprise par nos plus brillants esprits. Tout au plus, on décrète que le pouvoir doit en revenir au peuple. Super ! Et ?
A ce propos, tous les banquiers ou assimilé vous expliqueront que rendre la monnaie à l’État, c’est la mort. Qui parle d’en donner le contrôle à l’État ? Au peuple dans une démocratie, oui, mais ça, on n’a jamais vu, alors calmos, Cassandre de mes deux !
Nous affirmons qu’il serait temps de mettre un bémol à vos activités de dénonciations des vilains capitalistes pas beau, et de transpirer un peu pour faire juste mieux que cliquer sur le bouton ‘partager’ ou ‘j aime’ de facebook. Ce qui constitue l’essentiel du militantisme français. Et toc !
Voilà : le sujet du jour, c’est d’énumérer ce que l’on attend de la monnaie. Ensuite seulement, on pourra s’engueuler sur les solutions.
Qu’attend thon de la monnaie :
- Que sa valeur soit connue et fiable à un instant donné. Qu’elle ne soit pas manipulable par certains au dépends d’autres : par exemple, le passage à l’Euro a été l’occasion de mettre un méchant coups de rabot aux salaires, au profit des marchands et des actionnaires. En clair, le pain a pris 475%, pas le smic. La baisse de salaire a été partiellement restituée sous forme de pouvoir d’achat conquis sur le dos des esclaves asiatiques.
- Que la quantité disponible en circulation liquide (non, ce n’est pas un pléonasme. Le livret A est liquide, mais pas en circulation) soit facilement ajustable, sans porter préjudice aux porteurs ‘sains’ de cette monnaie.
- Que l’épargne, soit le fait de mettre de coté de la monnaie pour une dépense différée, ne modifie pas significativement la masse des salaires (voir plus haut, suivez un peu !). Soit qu’on contienne l’épargne, soit qu’on la décourage, soit qu’on en codifie l’accès. Soit que cela ne soit plus une ponction sur les salaires. Si, c’est possible ! Par la cotisation, mais c’est une autre histoire.
Bon, c’est à peu près tout. Mais nous sommes toute ouïe pour amender cette liste. N’oubliez pas qu’une reconstruction de la monnaie peut aussi être étroitement imbriquée avec une réforme des schémas de son usage. Il n’y a pas que la planche à billets qui peut dérégler la machine : dans un autre système où les salaires sont ‘à vie’, donc sortis du marché du travail, heu en fait, c’est le marché du travail qui est sorti, alors c’est la quantité de qualification, le niveau des salaires à vie qui constitue la majeure partie de la masse monétaire liquide. Mettre tout le monde à la plus haute qualification, dans le système de Friot, c’est le même clientélisme que de distribuer du pognon aux électeurs avec la célèbre planche à clou, euh non, à pain, oh flûte, à billets ! Système qui soit dit en passant, à la vertu suprême de déconnecter l’épargne de la masse monétaire. Explication sur demande.
Nous affirmons qu’il n’est pas possible de juger ex abrupto des bienfaits ou des défauts d’un système de monnaie, tant qu’on n’a pas explicité les mécanismes associés qui vont permettre de garantir ces points.
La monnaie fondante permet d’encourager la consommation, donc les salaires et les investissements directs à court terme, mais laisse dans le flou le sort de l’épargne. Le tout-épargne tue l’emploi, l’industrie, les investissements, surtout lorsque cette épargne peut se déplacer librement dans un gigantesque supermarché planétaire de placements. Le tout-épargne, c’est ton usine qui ferme, le tout-monnaie-fondante, c’est ton usine qui ne verra jamais le jour.
Aujourd’hui, c’est l’épargne lucrative qui est au cœur de l’activité économique par le racket des actionnaires, tout en sabotant l’activité économique et l’emploi. On va bientôt voir les actionnaires et les banquiers porter des chaussures de sécurité comme à l’usine. A cause des balles qu’ils se tirent dans les arpions, avec leur monnaie psychotique !
Jamais nous n’avons vu abordé l’économie du point de vue de l’épargne. Or, en tant que support du capitalisme, tout a été construit autour du dieu Épargne. Et sans abattre ce dieu, rien n’est possible. Mais détruire un certain usage de l’épargne, ce que nous souhaitons, ce n’est pas vouloir interdire l’épargne ! Vouloir empêcher que par un usage malfaisant de l’épargne, certain s’approprie toute les richesses, au point de détruire notre organisation sociale dans la souffrance du grand nombre qui contribue gaver le petit nombre. Passivement. Voltaire, enfoiré !
Prenons l’exemple des Miles SNCF
Vous récupérez des points avec vos achats de billets de train. Ce ‘capital’ constitue de fait une épargne, non pas en Euro, mais en voyage, ou cadeau.
Si vous ne le savez pas déjà, sachez donc que des points acquis ont une durée de vie limitée, autour de deux ans. Il n’est pas possible de transmettre son stock de Miles à ses enfants en cas de décès. Tiens, on peut se passer de l’héritage ?
Pourquoi ? La SNCF veut vous obliger à consommer rapidement vos Miles, ou point, ou carottes rappées (projet marketing abandonné). C’est un exemple de monnaie fondante. Mais vous pouvez aussi convertir vos points en cadeaux (moches) choisis dans un catalogue (pourave). C’est un exemple d’épargne dirigée : dans le temps et dans l’objet. Comme l’épargne constitue une dette de la part de celui qui en détient la contre-partie, la SNCF, en l’occurrence, ne souhaite pas se voir gonfler un stock de voyage qu’elle aurait grand peine à fournir, si tous les épargnants attendait d’avoir 10 ans d’épargne pour la liquider le même 1ier juillet pour partir en vacances. Alors qu’au fur et à mesure, en empêchant de dépenser son épargne pendant les période rouge, la SNCF réduit à peau de balle le coût de son soit-disant cadeau.
Le fait de vous contraindre à déclarer l’usage futur de votre épargne, en en choisissant le support, permettrait :
- De donner des avantages différents selon les cas : % intérêt, plafond/plancher, durée mini et/ou maxi, voir but de l’épargne.Donc de l’orienter en fonction des besoins et disponibilité. Coppé va hurler.
- De donner aux citoyens gestionnaires et contrôleurs de la masse monétaire liquide les moyens pratiques de compenser la fuite de liquidité que constitue l’épargne, en jouant sur les durées afin de faire coller durée d’épargne et retour sur investissements souhaité.
- D’adapter l’usage fait de cet épargne en prévision de son usage futur. C’est ce que font aujourd’hui certains placement à vocation de faciliter l’accès à la propriété du logement principal.. Sans aucun effet sur le marché du logement, d’ailleurs.
Au lieu d’avoir des banques qui font trop ou pas assez selon leurs humeurs, faisant exploser ou imploser l’économie, une forme de crédit bien dosé au niveau de la communauté de monnaie, permettrai de réinjecter juste ce qu’il faut pour assurer les salaires.
Si les épargnants ‘déclarent’ qu’ils vont s’acheter un logement, autant fixer les durées en conséquences, et utiliser l’épargne pour financer la chaîne de production qui leur fournira le dit logement en évitant les tensions sur les prix.
Ce qui amène à prévoir que le gain ou la taxation de l’épargne sera fixé dans certains cas au moment de sa dépense : quand vous mettez trois ronds de coté, vous ne savez pas encore forcément si vous allez acheter un 4×4 ou faire des travaux d’isolation ou offrir une AK47 à votre petit dernier délinquant.
On peut pourtant imaginer que le premier projet sera taxé pour des raisons écolos, donc monnaie fondante, ou bien vous toucherez un bonus pour vos travaux d’isolation, donc épargne lucrative.
Conclusion provisoire : avant de s’emballer pour un système monétaire, et le plus souvent de s’en tenir à un tableau avantages-inconvénients facilement biaisable, mettons nous d’accord sur une liste d’exigences, comme l’ébauche dans cet article, et obtenons des promoteurs de tel ou tel système qu’ils s’expliquent à leur propos.
Rompez, ‘pouvez fumer.
PS : Aux gardien de l’orthodoxie langagière, qui souhaiteraient voir cesser l’humour à base de calembours poissonneux, je rappelle que la chasse au thon rouge est désormais interdite, y compris dans ces pages.