Choueeeetttte ! Je ne vais pas vous parlez de la dette de la France envers des banquiers. Lisez Frédéric Lordon pour vous faire les dents.
Non, je vais vous parlez d’une Dette, d’une autre Dette qu’un pays contracte au-dessus de toute constitution, dès lors qu’elle y a fourré quelque part le mot Démocratie.
Cette Dette, autant le dire tout de suite, ne prévoit pas une grosse voiture ni une piscine. Pas d’écran plat ni Ipad non plus. Ça c’est une maladie qui n’est pas dans le champ de cette Dette.
C’est beaucoup plus terre à terre.
Si l’on ne vous paye pas un loyer ou un salaire, votre locataire ou votre employeur a une dette envers vous.
Notre société libérale avancée a substitué les droits de l’homme aux droits du citoyen. Un citoyen est le travestissement commun de l’électeur.
Enfin, depuis deux cents ans, chez nous, à quelques laaarges interruptions près.
Sans déconner : Un empereur, à peine une décade après avoir buté le roi et proclamé la république, ce n’est pas la classe ? Peuple mature et maitre de son destin ?
Donc vous avez des droits. L’état (Français), c’est à dire la mise en œuvre de notre projet de vie commun, à nous tous les Français, en France, a pour unique fonction d’assurer le respect de nos droits. Le gouvernement, l’administration ne nous ont été imposés par personne venu de mars, avec des ministères et des administrations rangés et étiquetés en soute, débarqués et installés comme un cadeau ou une punition. C’est bien des français qui ont organisé tout ça.
Donc, si l’état venait à faillir et laisser advenir un truc pas bien, comme perdre travail, logement et dignité sans avoir commis quoi que ce soit de répréhensible, il aurait une dette envers vous. Une dette dans le sens où il a failli à vous préserver quand il aurait dû le faire. Mais celle-là, je lui colle une majuscule.
Cette Dette existe chaque fois que le système politique vous prend ou vous suspend l’usage de droits fondamentaux :
- Droit de ne pas mourir de froid. Allez soyons fous, 18°.
- Le droit de ne pas mourir de faim ni à poil. On n’a pas dit choucroute garnie au petit déjeuner dans de la soie. Les lamelles de chou dans les draps de soie, c’est plutôt limite.
- Le droit d’agir dans sa vie à l’abri de toute menace, de toute contrainte autre que celles strictement nécessaires à l’épanouissement du groupe.
- Le droit d’y prendre du plaisir. Donc de ne pas souffrir du travail.
- Le droit de ne pas craindre demain comme une calamité. A cause d’une délocalisation, d’un âge honteusement supérieur à 45 ans ou inférieur à 30 ans.
- De ne pas crever comme un chien galeux dehors parce qu’on a été longtemps chômeur stigmatisé et donc qu’on n’a pas les trimestres, les points, l’assurance vie.
- De pas avoir 10 millions de français en galère (ben oui, des fois un chômeur, ça a une femme et deux gosses).
J’arrête, vous avez compris le pitch.
Alors vous allez dire : Ouaiiii, mais tout ça, c’est bien gentil, mais la mondialisation, la compétitivité, et Canteloup il est rigolo.
Certes non.
Parce que le réel dans les années 2010, c’est la négation des souhaits énumérés ci-dessus. Et pourquoi c’est carrément aussi gerbant que ça ?
Parce que cette Dette n’est comptabilisée nulle part.
Cette Dette que la société contracte envers sa population quand elle n’assure plus la mission. Quitte à faire casquer les responsables une fois identifiés et jugés.
Parce qu’aujourd’hui le concept de Dette sociale n’existe pas, comme le principe de précaution aurait semblé très poétique en 1880.
On en reparlera.