L’Agora n’est pas un forum, ni un chat, ni un blog.
Dans l’Agora, on met en forme les idées issues des discussions sur les forums, les chat et les blogs.
Si la démocratie est le gouvernement par le peuple, cela suppose la réunion de conditions préalables, parmi lesquelles :
1) Le peuple doit détenir le pouvoir : c’est pas fait, les représentants professionnels se le gardent.
2) Le peuple doit disposer de la compétence de gouverner : y’a du boulot, après 30 ans de démolition par les médias.
3) Le peuple doit disposer d’outils de formalisation puis de validation des décisions collectives : il n’en existe aucun.
L’oligarchie s’occupe de tout, elle peut donc se réserver le pouvoir, la compétence et les outils de décisions. Le peuple est prié de regarder la télé, d’être à l’heure à l’usine et de se réaliser dans les dividendes des actionnaires. Accessoirement de rembourser les prêts qu’il est contraint de contracter auprès de ceux qui ont piqué la monnaie avec les prêts précédents.
Je m’intéresse ici seulement au point 3, qui est dans mon domaine de compétences.
Avec mes petits bras, je ne me sens pas de travailler sur le principe du renoncement à des intérêts personnels dépassés par des intérêts du groupe.
Le groupe, en tant que nation, est d’ailleurs inexistant aujourd’hui, sinon par la coercition. Mais bref, chacun son job.
Une société démocratique est, par principe, une communauté qui débat et décide, sans attendre les ordres du MEDEF, signés par des oligarques syndicaux.
Dans notre société française, nous avons une tradition de politique de comptoir de bistrot, pas toujours idiote, mais jamais aboutie.
Seuls nos représentants matérialisent les lois (en fait, le boss). Nous pouvons jacasser autant que nous le voulons, même très intelligemment avec des bac+12 (si c’est un signe d’intelligence) , mais à la fin, dans le meilleur des cas, nous ferons une petite marche de mendicité politique, la « manif ». Un p’tit coup de lacrymo, et tout le monde coucouche panier les papattes en rond.
Pour bien clarifier, je vais prendre un petit exemple, dans une entreprise supposée démocratique.
Vient la question, dans cet entreprise de fabrication de chaises, d’un renouvellement de la gamme. Le personnel se regroupe, et discute : choix des matériaux, procédés de fabrication, marketing etc..
A la fin de la discussion, 5 tendances dominent, et on peut éventuellement constater qu’elles procèdent de logiques très différentes. Il va falloir choisir.
Concrètement encore rien pour passer à l’action : de toute façon, on a rien décidé, et les arguments en sont encore à yaka-foferfer. Chacune des options est défendue par 3 à 5 personnes – c’est comme ça, il y a des grandes gueules qui se lancent et proposent – et le plus grand nombre ne demande qu’à s’intéresser, mais ne propose pas. C’est absolument normal.
Cinq idées qu’il faut maintenant affiner, rédiger. Faire des « prévisionnels », des esquisses, des devis. Les grandes gueules vont rédiger, et simultanément publier leurs travaux.
Les autres travailleurs de la boite peuvent voir les progressions sur l’intranet, et ils savent que la rédac’ du premier jour n’est pas définitive. Mettons qu’on a donné 3 mois pour ça, et chaque équipe va pousser une nouvelle version quasiment tous les jours : des fois pour corriger les fautes de français et d’orthographe, parfois pour ajouter de nouvelles informations fraîchement obtenues, parfois pour prendre en compte des suggestions.
Pendant ce processus qui peut durer des mois, on peut envoyer des « suggestions » aux ‘grandes gueules’. Libre à eux d’en tenir compte ou pas. Les rédacteurs ont absolument le droit de se piquer des idées. C’est même souhaité : on ne cherche pas un winner qui va gagner la prime, on cherche la meilleur version, pas l’égo le plus fort.
Notez bien qu’on est plus dans la réunion. On rédige, on gratte du clavier en petit comité. On ne refait surtout pas les discussions de l’étape précédente.
Rien n’empêche un nouveau rédacteur ou équipe de rédacteurs, mettons une sixième, de se lancer dans une rédaction s’ils ne se reconnaissent pas dans les 5 initiales. Un ou des…
A la fin du temps imparti pour les rédacs, toute l’entreprise va se réunir en « session plénière », avec tout le personnel.
Successivement, chaque groupe parmi 5 (ou 6, ou 7…) va présenter son projet.
Silence dans la salle. Comme au tribunal, sauf que le président, c’est la salle, et les « prévenus » sont sur l’estrade. Ce n’est pas un débat.
Le juge fait silence pendant que les représentants des projets argumentent. Il est interdit de parler des autres projets quand on présente le sien.
Le juge n’est pas complètement con, il fera le tri et si des points sont litigieux, c’est à l’étape précédente, pendant la rédaction, que chacun est libre de soulever des objections.
A la fin de la journée, on vote.
Allez faire un tour une fois au tribunal de police ou en correctionnelle : on y apprend plein de choses : c’est public et gratuit. Vous verrez à quelle vitesse vous serez éjecté si vous vous croyez à « nuit debout » et que vous essayez de la ramener !
Ainsi, on a séparé la discussion et la délibération. La discussion reste libre à la machine à café jusqu’au dernier moment, bien sûr, mais PAS AU TRIBUNAL.
Dans l’Agora on ne jacasse pas ! (j’ai pompeusement pompé les grecs, mais maintenant que je sais qu’une singerie radiophonique porte ce nom sur France Inter, j’ai envie de trouver autre chose)
J’ai déjà dit que ce mot ‘jacasser’ n’est pas péjoratif : Pour accoucher d’idées neuves, nous DEVONS jacasser, comme aux « nuit debout », comme des gosses. ENSUITE, les adultes que nous sommes passent dans l’agora pour l’étape suivante.
Encore une fois, nous nous arrêtons à l’étape jacasserie, car nous sommes AUSSI des gosses, discutailleurs, parfois fourbes ou stupides. C’est très facile de jacter, nous accomplissons, le plus souvent avec plaisir, ce que nous prenons pour le tout, mais qui n’est qu’une partie.
Et c’est bonheur pour nos maîtres que de nous voir patauger dans le pathos, de nous voir nous agiter dans la cour de récréation.
Nos maîtres sont sûrs que cela est sans risque, parce que des gosses dans la cour de récréation ne risquent pas de faire la révolution, cela ne les gêne nullement. Tant qu’on ne sort pas la gueule de nos maîtres de leur gamelle…..
Ce dont je vous parle a été déjà pensé, avec les « liquid feedback » ou l’évolution « pirate feedback ». C’est un site web qui a (avait) pour vocation d’accueillir la rédaction, puis de permettre le vote.
Ça marche à fond. Mais les écrans sont rébarbatifs, et c’est impossible à partager sinon avec des geeks dans mon genre. Aucune chance que ma mère y donne un coup d’œil.
Pour refondre un site qui réponde aux impératifs qui découle de ce qui précède, il y a du boulot, mais pas plus que pour le parti de Sarko ou de Hollande pour organiser un vote électronique pour une primaire (qui porte bien son nom).
Eux arrivent bien à se le payer, pourquoi pas nous ?
Il nous faut faire une version aussi simple qu’un distributeur de billet de banque.
Je cherche à lancer un développement pour ce site, qui serait utile dès aujourd’hui.
Je ne veux pas de bénévolat, je veux un président d’université, un conseil général, une institution qui saisisse l’opportunité de claquer l’argent des contribuables (environ le prix des chiottes dans l’avion Sarko One, le coût annuel de dix députés, trois rond-points).
Un tel système ne peut être qu’institutionnel ou à base de financement collectif « crowd funding ».
Je suis preneur de toute idée, d’autant que je souhaite réunir des bonnes volontés, ou à rejoindre un groupe déjà constitué.
Bientôt un descriptif fonctionnel ici et je vous laisse méditer là dessus.
*** Mise à jour mai 2024 ***
Le serveur est avancé à 70% en gros, et le client windows à la moitié. J’essaye de tenir la doc pour les développeurs à jour. Les développeurs, ce sont ceux qui voudront bien développer des clients pour d’autres plate-forme que windows. Pour mac et ubuntu et/ou débian. L’interface est constituée uniquement de procédures stockées sur un serveur Postgresql.
1. Agora, le chaînon manquant
2. Structure de l’Agora
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