L’Agora, telle que décrite dans la version d’origine ‘liquid feedback’, puis ‘pirate feedback’ contient un système sophistiqué de procurations.
Ce système semble séduisant, mais depuis tout le temps passé sur ce programme, j’en reste finalement réservé. Je vais tâcher de vous l’expliquer.
Une procuration est donnée par vous, pour un sous-domaine ou plus précisément pour une question. Si vous l’avez donné sur un sous-domaine, vous la donnez implicitement pour les questions qui apparaîtront, idem pour les sous-sous-domaines.
La personne à qui vous la donnez est supposée compétente, vous vous en remettez à elle pour choisir à votre place lors des votes.
A tout instant, vous pouvez reprendre votre procuration, y compris tant que le vote n’est pas terminé.
En tant que personne qui a reçu procuration, vous pouvez la refuser et si vous l’acceptez, votre vote sera divulgué à tous ceux qui vous l’ont donné. Jusqu’à la fin du vote, une procuration peut être annulée.
S’ils le souhaitent, les personnes qui vous ont donné procuration peuvent recevoir une alerte avant la fin du vote si celui qui a reçu procuration n’a toujours pas voté.
Dans la configuration de la question, les procurations peuvent être désactivées, ou limitées. Ainsi, le vote d’un citoyen détenteur de procurations garde toujours la force de son vote personnel, mais l’effet de ses procurations est amoindrie, afin de privilégier l’opinion des votants directs. Le nombre de procuration peut-être limité.
Discussion à ce propos :
Le système de procuration est susceptible de corruption : on va voir des campagnes de séduction pour attraper des procurations.
Intellectuellement, c’est valider l’idée d’un public abruti par les médias et la consommation, par la prégnance excessive de l’emploi dans notre vie, bref se trouver des raisons de ne pas se former, ne pas réfléchir, ne pas décider. Je force le trait exprès.
Évidement, je me fait l’avocat du diable : détenir jusqu’à une dizaine de procurations ne met pas la démocratie en danger, mais nous devons réfléchir à une limite : 10 ? 100 ? 1000 ? 100 000 ?
Une alternative serait la possibilité pour un citoyen de divulguer son vote, libre à chacun de s’en inspirer.
J’ai cru ressentir un appétit pour les « procurations » comme un souhait d’être soulagé de la corvée de politique. Mais le débat viens juste de s’ouvrir…
1. Agora, le chaînon manquant
2. Structure de l’Agora
3. Un cycle dans l’Agora
4. Agora : le vote
5. Parer aux plaisantins envahisseurs
6. Procurations et « démocratie liquide »