Hello cher compatriote,
Je t’écris pour te donner des nouvelles.
Depuis quelques temps, après avoir joué quelques parties dans le jeu de la « démocratie », j’ai finalement détecté quelques erreurs de base dans ma façon de voir.
J’ai viré au vieux con aigri qui tourne comme un hamster dans sa cage en criant au monde combien c’est dur de pédaler dans le vide. Caliméro est de retour.
Lorsque vint le temps des comptes, j’ai cru que des méchants brigands tramaient dans l’ombre des futurs sombres, basés sur le racket. Que ces salauds étaient l’ennemi.
Comme les dictateurs du passé, mais usant de ruse et ayant renoncé à afficher la moindre morale ou le moindre projet philosophique, ils pompaient les fruits de notre travail.
En gros des voleurs.
Erreur ! Considérer les nantis, les rentiers, les corrupteurs comme des délinquants est d’une profonde injustice. Ho bien sûr, çà et là, des vilains abusent, trompent, volent.
Il faudra d’abord vérifier que les gentils travailleurs n’abusent jamais, ne trompent pas et ne volent pas.
Dans quelle mesure les uns ou les autres, parés de vertus ou de tares selon le point de vue, ne sont-ils dangereux que dans la mesure où des opportunités qui se présentent sont en accord avec la disponibilité des moyens pour les saisir ? En clair, machin ou chose serait moins dangereux, uniquement parce qu’il n’a pas réussi à s’équiper pour faire plus ?
Si chacun de nous n’est pas aussi riche que Tapie, c’est uniquement parce que les opportunités et les moyens n’ont pas été réunis pour cela. En gros, on n’a pas ramassé, mais uniquement parce qu’il est passé avant. Parce que si on avait pu, on l’aurait fait à sa place. Après coup, il nous reste la morale comme justification.
Donc, au chapitre des sentiments, chacun d’entre nous a son Tapie dans la tête. La seule différence, c’est la chance ou la compétence. Pas la hauteur de vue ! Mensonge !
Conclusion : arrêtons de cracher sur les profiteurs, parce qu’au fond, ce n’est pas qu’ils soient profiteurs qui pose problème, c’est surtout qu’on regrette de ne pas en être, c’est tout.
Bon ben ça, c’est fait……
Ah oui ! Maintenant que votre jalousie égoïste est au grand jour, voyons les Critères :
A qui ça profite : aux gagnants. Dans une société qui envie les escrocs, et en fait même la promotion, cette jalousie des victimes envers les bourreaux offre deux avantages. Un avantage rhétorique : « Comment peux-tu me reprocher de faire ce que tu rêves toi même de faire à ma place ? », et un avantage juridique : jamais les rackettés ne penseront à changer les lois qui rendent le racket légal, dans la mesure où une pincée en croque, et où la majorité rêve d’en croquer. Attention : il faut bien veiller à entretenir cette envie, cette jalousie, en lâcher un peu, balancer une pincée aux pauvres. Louons la réussite et permettons à quelques-uns d’en profiter. Ils seront nos plus ardents défenseurs des lois du racket.
Qui est responsable : Houlà, bonjour la question… Comme ça au réveil ? À froid ? Rappel de base : Si vous commettez un larcin, éviter de perdre votre portefeuille sur le lieu du crime. Faites organiser par A une action sur B, afin qu’il charge C de préparer le plan du racket, qu’on fera signer par D. E le mettra en œuvre, F en assurera la promotion auprès du public. Veillez à larguer un maximum de fausses-pistes.
La différence entre le trafic de mitraillettes dans certaines banlieues, et le trafic d’influence, entre la collecte d’argent par le deal de drogue et la collecte d’argent au péage des autoroutes, c’est uniquement que les premiers sont illégaux et les deuxièmes, légaux.
Évidemment, en mettant face à face trafic d’armes et de drogues, avec l’exercice d’un métier légal quelconque, il semble difficile de s’engager dans un débat productif.
Comment ne pas trouver formidables ces sociétés d’autoroutes, si généreuses de nous fournir des routes, ressource indispensable et utile, contre fusillades en pleine rue ?
C’est bien là le piège : le racketteur de la haute veille à avoir un argumentaire altruiste pour défendre son gras. Du noble (fournir un service indiscutable). Du généreux : c’est pour créer des emplois.
Bref, un monde de faux-culs. Le méchant se cache, et les gentils rêvent d’être méchants tout en chougnant. Une bonne tartine de bons sentiments par-dessus…..
Alors, comment faire face ? Comment lever les voiles qui obscurcissent la vue ?
Prenons un exemple : Bernard Tapie.
Ce type se lance dans le bizness en rachetant des sociétés fragiles ou à bout de potentiel, les dépèce, puis les revend en se faisant un max de bénéf. Scandaleux ? Non. C’est légal. Qui fait la loi ? Toi ! Avec ton vote !
Nanard achète des journaux. Comme Tapie n’a jamais été comparé à un journaliste, et qu’on connaît son appétit pour le bon gros pognon, quitte à le ramasser dans les zones les plus crades de notre système, il n’est pas imaginable qu’il ait acheté ses journaux sans avoir le projet de s’en servir, non pas pour fournir de l’info impartiale, mais FORCEMENT parce qu’il y a vu un nouveau moyen pour maintenir son activité de razzia.
Pitié, affirmer le contraire est une insulte à l’intelligence. Le fond de l’activité du capitalisme, c’est « Si tu peux ramasser, tu ramasses ». Je ne vois pas Tapie faire quoi que ce soit juste pour le fun, par plaisir d’apporter à une population une information pertinente. Bouygues-béton-télécom à TF1, c’est juste pour rendre service. Matra-Hachette, ce n’était pas pour avoir un levier sur le gouvernement pour ramasser de la grosse galette avec des missiles. Parce que le missile est un outil de bonheur pour vous et moi, c’est bien connu.
Mais halte là, voilà que moi-même je dénonce. Alors que tout cela est légal. Qui fait la loi ? Toi ! Avec ton vote !
Alors, espèce de hyène, toi qui conchie l’état qui nuit à la compétitivité, qui défend l’héritage, parce que tu es un pur gentil : si tu t’es mis dans la course au bonheur matériel, ce n’est pas pour toi, c’est pour tes gentils gnenfants. Tu veux faire un cadeau ! Que ce soit ta BX ou tes immeubles, tes miteuses actions, finalement tu ne deviens vraiment gauchiste que lorsqu’un plus gros que toi a mis fin définitivement à tes rêves de grandeur (financière, forcément). Un capitaliste ne deviendra gauchiste qu’après avoir tenté sans succès une OPA sur le monde. Notez qu’un gauchiste peut parfaitement devenir capitaliste si c’est possible : faut quand même être un microbe politique pour continuer à acheter Libé après que leurs gauchistes de fondateurs y aient ajouté des pages bourse. Encore aujourd’hui, des gens qui se pensent gauchistes achètent Libé, propriété d’un héritier de la plus ancienne dynastie de banquiers de France. Attendez, c’est encore rien : il y a des journalistes à Libé qui pensent être de gauche ! Avec un article méchamment corrosif sur la taxation des Smartphones, coincé entre pages boursicotage et des nouvelles de Florence Cassez(-vous bande de nuisibles). Évidemment, c’est moins fatiguant de se foutre de la face de Copé ou de Marine, plutôt que de concrètement s’attaquer à une réécriture de la constitution. De réellement gratter des projets pour un monde meilleur, ce qui est certes plus technique et moins vendeur.
Un lecteur plus affuté que d’habitude va porter des objections fatales : Alors comme ça je suis responsable parce que je vote ? Mais enfin, droite ou gauche de gouvernement, rien ne se passe jamais comme le programme électoral ne l’annonce. On se fait enfumer. Alors on ne va quand même pas nous faire porter le chapeau, alors qu’on se fait avoir à chaque coup. Et pis Bruxelles nous impose un diktat !
Ben mon p’tit gars, va falloir perfectionner ton affuteuse : Demande-toi si c’est légal, et qui fait les lois, et pourquoi, et comment.
Tu te fais avoir parce que tu te rends aux urnes, alors que la vraie devise de la république française c’est : « Cause toujours, tu m’intéresses ». La droite, c’est des esclaves pour les actionnaires, la gauche, c’est 0,2% d’augmentation de pouvoir d’achat pour les esclaves.
1) Les candidats sont moulés dans des partis selon un affinage (comme le fromage) qui vise à faire du plus sincère des militants un gardien du système : après en avoir bavé à fayoter dans un parti pour monter dans la hiérarchie, il est effectivement impossible de se mettre à casser le système qu’on a longtemps vénéré pour s’y faire une place. La république des partis qui est la nôtre, mâtinée de ce formidable suffrage universel à deux tours, est en fait une bien réelle dictature. Car le vote blanc, qui permettrait aux citoyens de renvoyer tout le monde n’existe pas. En gros, si PS et UMP vous proposent deux débiles profonds, il ne vous reste qu’à désigner celui que vous croyez être le moins débile des deux.
Le vote blanc permet de dire aux partis : vous remballez vos clowns et vous nous représentez du sérieux ! Mais il est plus simple de manifester pour le mariage pour tous, que de manifester pour une réforme des modes de scrutin. Surtout que ça n’est pas Jean-Pierre Pernaud qui va vous chauffer. Aucun parti, de gauche ou de droite ne parle de ça. Il est plus porteur de soutenir, pour un résultat nul, les malheureux de Florange. Réclamez, imposez la reconnaissance du vote blanc. Vous viendrez vous plaindre après.
Guéant, qui a ramassé grossièrement une demi brique de cash pour du farfouillage électoral (sinon, le blé serait bien évidement resté hors sol), a pulvérisé aux yeux de ceux qui veulent bien regarder, notre si merveilleux système de financement électoral par l’état.
Le fait d’être empêché d’être candidat à la présidentielle ne vous dérange pas : qui a manifesté pour que les candidats puissent se présenter sans avoir à obtenir ce droit en fayotant avec 500 maires, qui assurent un premier filtre ? N’oubliez pas que les maires sortent aussi des caves d’affinage des partis, qu’ils ne sont que des « maitres » choisis. Bon ben je n’ai pas vu quoique ce soit de remis en cause, par qui que ce soit. Donc vous êtes bien d’accord. Donc fermez là !
2) De toute façon, les élus ont la belle vie : c’est une profession le plus souvent rémunératrice, un bon job. A part quelques maires de petit village. A part Cahuzac, qui s’est vraiment chié dessus devant tout le monde, un homme politique peut revenir vous blouser à peu près autant de fois qu’il veut, il ne peut pas être inquiété pendant son mandat, donc il peut vous trahir, c’est légal, bande de buses ! En fin de mandat, on ne peut pas lui demander de compte pour ses actes dans la fonction que VOUS lui avez donné. Et même en cas de main dans le pot de confiture, un système complexe lui permet d’espérer s’en sortir. Les élus condamnés sont le plus souvent réélus !
Rien dans la loi que VOUS avez votée ne l’empêche. C’est donc Votre choix que d’avoir des escrocs reconnus à la tête de vos institutions. Et ça, c’est le résultat d’un système créé avec votre accord : La constitution de 1958, dont l’avènement a eu lieu en dehors du cadre prévu à cet effet par la quatrième république (c’est techniquement un coup d’état), n’a pas fait l’objet de discussions : le chef a dit, et les bœufs ont dit oui. Les bœufs, c’est vous à 80 % !
Imposez le mandat unique (une seule fois maire ou député ou conseiller municipal, ou sénateur dans une vie), la révocation des élus (Possibilité de choper un homme politique qui ne réalise pas le début d’une promesse, même ajustée à un environnement changeant) et la reddition des comptes (Contrôle systématique du travail accompli pendant la mandature), et après vous pourrez venir vous plaindre.
Typiquement, un Hollande qui promet de s’attaquer à la finance et qui fait le contraire doit être viré comme un commercial qui n’a pas fait son chiffre d’affaire. Les députés socialistes qui votent l’austérité qu’ils ont dénoncée pour se faire élire devraient être sacqués. Voir condamnés !
Seulement dans vos têtes remplis de désir d’Iphone et de 4×4, l’idée d’imposer VOS désirs à VOS hommes politiques ne vous effleure même pas. Alors que la chasse au chômeur est ouverte ! C’est marrant, la sévérité qu’un patron vous impose, parce qu’il est dieu au boulot, vous la supportez très bien. Vous me direz qu’en l’état actuel des choses, vous n’avez pas trop le choix. Ok pour aujourd’hui. Mais pas de sévérité pour VOS représentants, ça ne vous choque pas : c’est bien que vous êtes d’accord, ou alors je vous invite à consulter.
3) En plus, vous aimez ça : bourrés d’opium du peuple (TV, Smartphones, 4×4, fringues de marque, Rolex, espoir de plus-values), on peut vous démonter l’arrière train sur la place publique, vous adorez ça. Avant que vous ne décrochiez, voici un exemple récent, qui présente le mérite de la simplicité et de la clarté.
En 2005, on vous propose une nouvelle constitution. Ce que vous ou moi en pensent, c’est un autre sujet. Toujours est-il qu’une nette majorité dit niet. Aussitôt les z’oms politiques, ceux qui sont normalement vos larbins, râlent, et formulent assez directement des reproches en termes peu flatteurs.
Si vous avez dit non, c’est que vous êtes crétin. Bon ben c’est la démocratie, tout ça.
Moralité, le machin est déconditionné, remballé, ré étiqueté, comme un poulet ou des yaourts périmés, et le traité de Lisbonne dit EXACTEMENT la même chose, sauf que cette fois-ci on se passera de votre avis. Après un coup comme ça, les vénusiens (qui nous observent, je le sais, j’ai mes sources) font des paris sur l’incendie de l’assemblée nationale et du sénat et l’intervention ou non de l’armée.
Bon, au final la vénusienne des jeux a annulé tous les paris. C’est bien la peine de manifester contre le mariage gay après ça ! Je trouve que pour des hétéros militants, vous avez une curieuse appétence pour… bon, je m’égare. Je résume : on vous propose un truc. On vous prévient que si vous être contre, vous êtes cons. Vous votez non. On vous répète que vous êtes cons. On vous remoule le suppositoire, mais plus troudbalo-profilé, et surtout on vous l’enfile en douce. Résultat : Rien. Vous ne bougez pas. Donc vous êtes d’accord ? Cherchez l’erreur !
4) Tant qu’à jouer avec la sémantique, allons-y carrément : Alors que nous sommes prétendument une démocratie, nous avons en fait une dictature maquillée. Il est particulièrement agréable à la plupart d’entre nous de nous féliciter de notre système politique, en regard de la Russie, la Chine, de la Somalie, que sais-je… de la Syrie par exemple. Ah ben c’est vrai que nous avons toutes les raisons de nous féliciter : notre système politique est financé par les dominants, avec des procédures autobloquantes et des contrôles suprêmes extra-nationaux. Autobloquantes : nos hommes politiques bénéficient du système, d’autant que celui-ci ne change pas. Ça tombe plutôt bien que De Gaulle ai prévu que seul les bénéficiaires des failles du système aient l’entier pouvoir de modifier celui-ci : tu parles qu’ils vont s’empresser de dénoncer tout ça, exiger la révocabilité, la reddition des comptes ! Faut-il être abrrrrruti pour imaginer que le criminel va se livrer !
Même un guetteur de cité de banlieue peut comprendre ça : Détenir le pouvoir ET celui de codifier son emploi, c’est le top ! Et ça ne choque personne. Feriez-vous réviser le code pénal par des condamnés à perpétuité ? Si ? Feriez-vous une loi sur l’endettement des ménages en confiant l’écriture à Mr CETELEM ?
Parce que c’est exactement ce que vous venez de faire en faisant valider la nouvelle loi sur la séparation des activités bancaires contradictoires au sein d’un même établissement par les banques elles-mêmes. En gros c’est séparer totalement (impossibilité d’actionnariat croisé ou de consolidation par une holding ou autre) l’activité de banque de dépôt (votre compte pour recevoir le salaire, le livret A et le crédit aux entreprises ou aux particuliers pour des équipements, pour faire simple) par opposition au casino du second marché, titrisation et autres swap, afin qu’un acteur du casino ne puisse garantir ses mises avec vos comptes courants. Ça va ? Tout le monde suit ? Hé ben résultat, 0,5% des activités sont impactées par le texte écrit par les banques, texte ovationné par le gouvernement et le parti socialiste. Les banques ont déclaré être totalement satisfaites par le texte. Putain, normalement c’est un indice, non ? Autant vous dire que l’UMP ne s’est pas fait remarquer par son opposition farouche. Ces informations sont parfaitement connues, et si vous ne saviez pas… Vous ne saviez pas ? Vous me faites salement flipper !
Pour les gens qui aiment collectionner les timbres on dit philatéliste.
Et pour ceux qui aiment se faire tondre, on dit quoi ?
Non. Vous êtes vraiment des faux-culs.