Je viens de zapper un bout de discours américain. Peut importe de quoi cela parle.
Il y est fait mention, avec une ferveur que ne renierait pas un novice bénédictin, du « monde libre« , dont le centre géographique est situé quelque part aux USA.
D’ailleurs, les ricains parlent avec des trémolos dans la voix de ce truc là. Ils sont gentils en plus : ils en ont tellement à revendre, de « monde libre« , qu’ils ont ouvert environ 79 succursales armées dans le monde (voici une liste à peu près à jour). Des points de ventes de liberté(s).
Formidable !
Une première lecture m’a emmené dans la protestation : « comment les plus grands dictateurs du monde peuvent-il nous parler de ‘monde libre‘ et gniagniagnia ».
J’ai pas dit « gniagnia », mais c’était pas beaucoup mieux. C’est une grave erreur : le concept de « monde libre » n’est pas une tromperie dans la bouche des leaders capitalistes. « Démocratie », oui c’est une arnaque, une escroquerie, une entourloupe : ils savent très bien ce que c’est, et c’est pure démagogie que d’employer ce mot à tout bout de champ, pour le cramer, le stériliser et retirer le tract de la main du militant. Comment réclamer ce que l’on a déjà.
Mais « monde libre« , c’est autre chose. C’est en repensant aux jérémiades du MEDEF, et des partis biens pensants, lorsqu’on met dans le mixer à idées toutes les expressions utilisant ce concept que la vision de loin nous donne une clef de lecture.
La conclusion n’est pas très subtile, mais ses implications vont plus loin qu’il n’y parait au premier abord. Les mâles alpha du troupeau, les riches, les puissants ainsi que leurs sous-fifres salariés aspirent en effet au « monde libre« .
Foin de liberté de travailler ou pas, d’adhérer au consumérisme ou pas, non, il s’agit uniquement de la liberté du fort de sucer la moelle du pauvre. La liberté d’entreprendre ! De profiter librement de toutes les « opportunités » possibles (en clair de prendre aux pauvres en ne foutant strictement rien), de privatiser, de faire payer ses dettes de jeux boursier par les pauvres, d’empêcher l’État de réguler les rapports de force.
Le « monde libre« , un monde où on exploite librement les hommes, les ressources naturelles, les faiblesses des uns, l’appétit de consommer des autres, libre de ne pas payer d’impôts, de cotisations sociales ni de taxes. Libre de s’étendre sans limite en semant mort, pollution et désolation. Libre de mettre en esclavage, libre de s’approprier des ressources ou des terres sans se soucier des gens qui s’en nourrissent. Libre d’hériter sans entrave. De délocaliser sans contrariété. Libre de spéculer, libre de voler les communautés, afin de donner à nos grands prédateurs les coudées franches pour leur Monopoly morbide.
Libre d’acheter des dirigeants, de massacrer (Somalie, Rwanda), de mettre en esclavage (Birmanie), libre de rectifier les régimes par trop sociaux (Chili, Argentine, Guatemala), ou récalcitrant à cette liberté d’utiliser exclusivement le dollar (Libye, Irak). Libre de mentir à sa propre opinion (les bébés imaginaires du Koweit massacrés par des irakiens tout aussi imaginaires, les ADM de Saddam avec l’analyse d’urine de Colin Powel aux nations Unies) pour déclencher des razzias coloniales. Oui, il y a cela aussi : le « Monde Libre » est libre d’envahir qui il veut, quand il veut A TITRE PREVENTIF, dès lors que ses intérêts, pardon, la liberté d’amplifier ses intérêts, la liberté de fausser la concurrence chaque fois que l’on est soit même bénéficiaire du stratagème est menacée. Ou est juste menacée d’être menacée. Ou vice-versa, chais pu.
Pour les détails, relisez Noam Chomski « dominer le monde ou sauver la planète. ».
Ce n’est d’ailleurs que le prolongement du mot « libéral » qui induit la liberté du riche de faire trimer sans contrepartie, sous contrainte même, la masse des gueux que nous sommes.
Alors, la prochaine fois qu’on vous parle de « monde libre« , demandez donc « libre de quoi faire !!?? ».
Les USA : le centre du « Monde Libre D’exploiter Tout Sans Limite Pour le Profit des Riches« . Bon, on les comprend, fallait compacter, faire simple. En fait, ce monde est surtout libre de vous niquer, et ne vous avisez pas de vous opposer à cette liberté pour faire valoir vos droits à y échapper. Les USA ont 80 points de ventes (forcées). Très équipés pour empêcher toute dérive liberticides aux capitalistes, vous collant en une fraction de seconde un saturnisme aiguë et fatal. Demandez à Alliende. Il nettoyait sa démocratie, le coup des multinationales américaines est parti tout seul.
Et faites gaffe au TAFTA, ça pue le monde libre, ce truc !
C’est bel et bon de trouver un bouc émissaire, qui certes le mérite bien, avec les gouvernants des États-Unis. Mais malheureusement ils ne sont pas les seuls coupables de cette déliquescence des civilisations, Poutine et ses apparatchiks et sonchouchou du moment Bachar ne sont pas mal non plus, la dictature des oligarques chinois n’a rien e leur envier, sans parler de Cuba, de la Corée du Nord (et du Sud) , de Singapour, des dictatures militaires, religieuses ou familiales d’Orient, du golfe arabo-persique, des rois-présidents africains (en ce moment le Congo est à l’honneur, ce qui masque les autres), de Cuba et sa famille Castro, que tout nos gouvernants embrassent avec émotion, des bandes de maffio-religieux du Moyen-orient, j’en passe.
Pour les partis, en France en particulier du fait de notre État hyper-centralisé contrairement à ce que dit la Constitution, se moquer d’eux en parlent des partis « bien pensant » est bel et bon, mais il ne faut pas croire un instant qu’il y ait des partis qui soient fréquentables. Il n’y en a aucun, leur seul objectif c’est le pouvoir, leur moyen d’action favori c’est le boniment. Il n’y a pas un seul parti pour racheter les autres, et ceci perdurera tant nous, les citoyens, nous accepterons que les partis aient des privilèges qu’ils se sont d(‘ailleurs attribués par loi, qu’ils écrivent: financements, accès aux médias, contrôle des candidatures, contrôle et gestion des campagnes électorales. Nous disposons de moyens d’action, sous réserve de ne pas être les moutons de tel ou tel parti, à commencer par ne plus jamais voter pour eux. Râler en continuant à voter pour un parti, quel qu’il soit, c’est se tirer un balle dans le pied. Je viens de déposer un recours (je ne suis pas naïf, mais il faut au moins monter que nous ne sommes pas dupes) contre les actions d’un petit groupe auto-proclamé par le président de l’assemblée nationale Bartolone et son copain et prédécesseur Accoyer suite à la publication ce 2 octobre du leur rapport intitulé « Refaire la démocratie » (bien sûr sans nous) et du pseudo-questionnaire qui l’accompagne, dit « citoyen », totalement bidon et manipulateur qui ne servira qu’à cautionner leurs élucubrations. Ce recours, chacun peut le reprendre et l’envoyer au Conseil d’État, il est disponible sur http://collectifconstituant.fr.gd/Recours-contre-questionnaire-rapport.htm. Citoyens, continuez à râler, mais agissez, vite, car la dictature des partis se met en place en France. Faute de quoi nous serons les premières victimes de l’effondrement qui se préparer, les oligarques, pour leur part, s’en tireront toujours.
C’est une particularité des états unis d’avoir la haute main sur la monnaie de réserve, une implantation néo-coloniale aussi développée ainsi qu’une force de frappe violente mondialement répartie.
Si les dictateurs que vous citez ont certes de funèbres références, les USA sont à un autre facteur d’échelle.