Comment jauger une politique économique ?
Supposons que vous n’y connaissiez pas grand chose en finance, et qu’il vous faille une méthode pour jauger d’une nouvelle proposition de nos leaders.
En ce moment, Big Brother veut faire 50 Md€ d’économie. Bon ? Pas bon ?
On augmente un impôt, une taxe ? On baisse … ? Pouvons nous deviner si c’est le pire ou le meilleur qui nous guette ?
Petite introduction expresse aux masses monétaires
Soit la quantité globale de pognon détenue par tous les français. On ne peut pas mettre sur le même plan l’argent qui est dans votre poche ou à portée de carte bleue et l’argent placé à 10 ans dans un produit financier. L’un est stérilisé pour un bon moment, et l’autre est disponible pour faire des achats, donc pour l’activité économique primordiale.
On appelle M1 la masse monétaire liquide, c’est à dire les billets en circulation et l’argent disponible instantanément : comptes courant, certain livrets à vue. On nomme M2, M3 etc.. les masses monétaires immobilisées dans des placements lucratifs, la différence étant la durée de congélation : deux ans, cinq ans, plus de cinq ans. Selon les pays, on va jusqu’à M5.
La masse M1 est le sang de l’économie : c’est l’argent des échanges de biens et services, qui se traduit donc par des revenus emboités (Voir notre article sur ce sujet), qu’on les appelle salaires ou pas, peu importe.
La masse monétaire M1 doit être au minimum égal à la somme de tous les salaires. L’épargne est son ennemie, mais en raisonnant avec 65 millions d’individus, vous imaginez bien que quand un Paul épargne 300 € de son salaire pour les vacances, un Pierre sort 300 € de son épargne pour acheter une nouvelle machine à laver. C’est la variation globale de l’épargne qui compte, sachant qu’une tendance à épargner tend à diminuer M1 et vice versa.
Et si M1 diminue, alors on perd autant de salaires, donc on fait du chômeur.
M1 doit être en toute situation égale à la somme des salaires
C’est le nerf de la guerre, la pierre de touche. Est-ce que la réduction de 50 Md € de l’état est bonne : non, l’état renonce donc à prélever 50 Md€ qui auparavant retournaient en M1 au travers de ses dépenses. On sait qu’une diminution des prélèvements est automatiquement captée par les rentiers, pognon qui part aussitôt en épargne lucrative. C’est à dire que le rentier ne dépensent pas, il place dans M2, M3.
L’argent du rentier est dans M2, M3 etc, et son graal est de prendre, avec des loyers, des dividendes de n’importe quelle sorte, du pognon frais, en M1 donc, et de le placer en M2, M3 etc, pour qu’il crache à son tour de l’intérêt.
Pour juger d’une décision ayant trait à l’économie, demandez vous si cette décision va favoriser des mouvements de M1 vers les autres masses ou l’inverse. M1 est trop petit d’une somme égale aux salaires que devraient toucher ‘normalement’ les chômeurs. Mais M1 est également trop petit des sommes équivalentes aux économies que font les employeurs en usant du chômage pour faire pression sur les salaires.
J’ai lu récemment que la mondialisation ne jouait que sur 15% du chômage : grâce à l’absence de contrôle des changes, en clair à cause de la liberté de circulation des capitaux, des masses d’argents se déplacent dans des pays à bas coût salariaux. C’est aussi un bout de M1, qui servait à payer les futurs chômeurs délocalisé, qui fiche le camp.
En résumé :
M1 l’argent qui tourne, l’argent de l’activité économique réelle.
M2, M3 etc, l’argent des placements lucratifs.
Nous avons besoin de M1 pour vivre, le rentier nous le prend pour le stériliser en M2, M3 etc.. et nous prendre encore plus de M1.
Nous crevons du déplacement de la monnaie de M1 vers les autres masses. Nous renaîtrons quand nous aurons repris cet argent pour le faire tourner en M1.
Une décision est bonne si elle favorise le déplacement de monnaie vers M1, une décision nous tue si elle permet à un peu plus de M1 de se barrer en M2, M3 etc.
PS : L’évasion fiscale est aussi une perte de M1 !