1 – Deux concepts opposés dont un est inconnu
2 – Deux sociétés s’opposent et nous l’avons oublié : les mots pour le dire n’existent plus.
Autrefois, une dictature russe a conservé, voir s’est approprié le mot socialisme, commençant ainsi à vider le mot de son sens.
« Socialisme » est un mot rapté par un parti néo-libéral usurpateur, après avoir été rapté par une oligarchie dictatoriale. Le Parti Socialiste aujourd’hui se rengorge de concepts anciens et abstraits, totalement reniés. Oublions le.
Redécouvrir un sens à ce mot « Socialisme » peut nous permettre de lutter contre le libéralisme, à condition d’oser en reconstruire une étymologie acceptable.
3 – La destruction des mots est achevée
Qu’ont en commun la Chine, l’ex-URRS et ses ex-satellites, la Corée du nord, Pascal Lamy (ex directeur de l’OMC) et François Hollande ?
Ils sont tous socialistes. Faudrait-il ajouter Jaurès à l’énumération ? non, ce n’est pas sur la même planète.
Nous avons donc :
- Une dictature militaire,
- une quinzaine de dictatures militaires,
- une dictature militaire,
- un promoteur du libre-échange, de la mobilité des capitaux et des industries, et de la destruction des services publics au profit des gros riches investisseurs,
- un président élu pour lutter contre la finance cosmopolite et interlope qui ratifie le traité de Lisbonne après le non français au traité proposé en 2005, qui entérine des dettes ignobles et qui fouette les prolos pour qu’ils versent leur pognon aux banques au nom d’un racket qui pourrait relever d’une dictature militaire.
Que faire de leurs étendards « Socialiste » ?
4 – Nous ne pouvons plus nommer simplement l’alternative au système politique présent
D’abord nous avons un président « socialiste » et un parti dit « socialiste » majoritaire à l’assemblée. Comment réclamer ce que on suppose avoir déjà reçu ?
Ce verrouillage sémantique, voir sémiologique, nous interdit d’employer le mot « socialisme » pour évoquer sont sens premier, totalement oublié.
Et c’est bien de sémiologie qu’il s’agit, puisque le « signe » est galvaudé, récupéré, retourné.
La publicité offre tous les jours le spectacle du carnage sémiologique : un abonnement téléphonique, un crédit hors de prix contracté sous la contrainte de la misère et de la nécessité impérieuse de survivre, sont affublés du mot « liberté ». Donc si je réclame la liberté on me demande si je veux changer d’abonnement ou m’acheter une voiture.
5 – Cet état de fait nous encage
Au final, le rapt, par les publicitaires libéraux de la politique, de tous les termes qui permettraient de discuter un changement de société, provoque le claquement de la porte de la geôle.
Nous ne pouvons plus aller vers nos concitoyens parler d’un autre monde, car les mots que nous pourrions employer pour nous parler sont dénaturés, salis, banalisés dans un sens perverti.
Plus que par les chaînes, des barbelés ou des miradors, notre espace politique s’est réduit à rien dès lors que des mots comme ‘socialisme’ sont pulvérisés.
Notez bien que cette fiche pourrait parfaitement être écrite avec un autre mot. Comme « partage » par exemple : c’est un mot maintenant réservé à des systèmes informatiques de stockage.
On partage ses photos, mais plus du tout le travail. On partage des « bons moments » avec un fromage blanc ou du jambon. Mais pas les fruits du travail, d’ailleurs.
6 – Avant toute discussion, il faut désormais faire un glossaire
Nous avons une nouvelle obligation qui est en elle-même une lourde tâche dialectique : redéfinir pour nos interlocuteurs le sens des mots directeurs de nos réflexions.
Comment parler de dette publique, quand on nous enfonce dans le crâne qu’un état se gère comme un budget familial, ce qui escamote totalement ce qui à trait à la monnaie, en tant qu’institution, donc propriété collective ?
Comment parler de démocratie quand notre gouvernement représentatif bourgeois (friqués sans être aristocrate), devenue dictature des marchés s’appelle de lui-même démocratie ?
Comment parler de « socialisme » quand deux socialistes, Pascal Lamy et DSK dirigent l’OMC (flic du libre échange néo-libéral) et le FMI (Autre flic du même bois dont on fait les rentes) ?
L’histoire des « socialistes » depuis 1983 se confond totalement, avec juste de légères nuances de vocabulaires sans conséquences, avec le mouvement libéral, en ce qu’il libère les appétits des puissants sur le dos des gogos qui les écoutent.
Même la contestation iconisée avec la tête de Daniel Cohn-Bendit en 68 devient impossible : Il y a depuis longtemps des infos boursières dans Libé, comme dans le Figaro et Dany va à la soupe au parlement européen. On attend toujours qu’il lance un mouvement pour renverser cette dictature technocratique de la Commission Européenne. On guette depuis longtemps, pour rien une étincelle de démocratie chez ce bobo qui s’est glissé dans le costume. L’âge rend sage ? Non, il rend complice !
7 – Examinons le mot « Socialisme »
Avertissement : faites un « reset mémoire » à propos du mot socialisme. Acceptez même d’oublier ce que vous croyez qu’il ai jamais été, car il n’a jamais régné sur la terre.
Il est de bon ton aujourd’hui de conchier les « soviets », en les associant au stalinisme, ce qui est bien commode pour les manipulateurs d’opinions. Les soviets, assemblées populaires réellement démocratiques, n’ont existé que deux ou trois ans, avant qu’une nomenklatura autoritaire et violente ne les supprime dans le sang. Bien avant l’arrivé de Staline au pouvoir.
Reprenons sur le mot « socialisme » : un gouvernement dont les préoccupations directrices sont sociales. Des préoccupations non pas « égalitaristes » comme il est commode de les dénigrer, mais qui visent l’égalité politique des citoyens, la distribution égale des services de l’état et leur croissance. Il serait extrêmement difficile de séparer le socialisme de la démocratie, car l’un ne saurait prospérer en l’absence de l’autre.
Le « Socialisme » ne saurait tolérer la domination d’un groupe social sur les autres, fût-il majoritaire. Une vraie démocratie qui, de fait, ne saurait se dispenser du tirage au sort comme mode de désignation pour les charges dans l’état et l’activité législative, génèrerai un socialisme de fait comme nous faisons de la prose sans le savoir.
Une fois ce concept bien rétabli, le « Parti Socialiste » doit se chercher un nouveau nom : il n’y a pas de trace de socialisme dans cette assemblage d’une élite oligarchique qui n’entreprend aucune action visant à son avènement.
Et surtout, nous pouvons maintenant démasquer le néo-libéralisme, cette édifice technique visant à réaliser le rêve de Voltaire : « Un pays bien organisé est celui où le petit nombre fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne ».
Sauf qu’avec l’accord enthousiaste du parti socialiste à cette prémisse, celui-ci adhère et contribue à une réécriture de cette phrase : « Une planète bien organisée…etc », qui est le crédo des financiers jouisseurs.
Ne serait-il pas plus intelligent de manifester autour d’un slogan « Parti socialiste, change ton nom usurpé, libère ce mot dont tu ne connais pas le sens ».